YZEURES-SUR-CREUSE (37) : cimetière
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Le cimetière d’Yzeures-sur-Creuse présente un gradin sur lequel se trouve l’essentiel des tombes intéressantes.
Le long de ce gradin, une alcôve en hémicycle signale l’espace funéraire de la famille d’Harambure, une famille noble d´origine basque implantée en Basse-Navarre, qui se fixa au XVIe siècle en Touraine. Ce nom, qui disparu en lignée masculine en 1793, a été repris au début du XIXe siècle par la famille de La Poeze, qui repose également ici.
A proximité repose la vicomtesse Pauline d’AVESSENS (1818-1910), qui fut dame d’honneur de l’impératrice Eugénie, et qui appartenait à cette famille.
La plus grande vedette du cimetière est incontestablement la soprano Mado ROBIN
Y reposent également :
Gérard GRATEAU (1923-2009), évêque et chef de la vieille église catholique mariavite en France.
Le photographe, écrivain et critique d’art Paul HAVILAND (1880-1950), membre de la célèbre dynastie de porcelainier de Limoges. Lors du krach boursier de 1929, comme bien d’autres, il vit s’évanouir en une nuit toute sa fortune. Il fut contraint de vendre tableau de Monet, aquarelles de Rodin et bien d’autres pièces de sa collection précolombienne. En 1935, il se retira en Touraine, au prieuré de La Mothe à Yzeures-sur-Creuse qu’il avait acheté en 1925. Il fut déclaré Juste parmi les nations à titre posthume pour avoir caché son ami juif, Georges-Gabriel Picard (voir plus bas) lors de la Seconde Guerre mondiale, dans sa propriété. Avec lui repose son épouse Suzanne LALIQUE (1892-1989), la fille du maître verrier et bijoutier René Lalique, qui fut illustratrice, décoratrice d’intérieur, artiste peintre et créatrice de costumes et décors pour la Comédie-Française. Elle créa pour la manufacture Théodore Haviland, dirigée par le cousin de son mari, des services de table à partir de 1925.
Dans une autre tombe reposera leur fille, Nicole Maric-Haviland (née en 1923, elle est toujours parmi nous), qui rejoindra ainsi son époux, Sreten MARIC (1903-1992), essayiste et traducteur serbe qui fut professeur de littérature mondiale à la Faculté de Philosophie de Novi Sad.
Le peintre et décorateur Georges-Gabriel PICARD (1857-1943) : peintre et illustrateur, ancien élève de Jean-Léon Gérôme, il réalisa une œuvre décorative dense visible dans le monde entier (casino de Monte-Carlo, décorations de la galerie Lobau de hôtel de ville de Paris, salle des fêtes de l’ambassade de France à Vienne, plafonds du pavillon sud du Petit Palais à Paris, plafond de l’Opéra de Lille...). Il fut aussi un illustrateur pour de nombreux journaux. Ami de Lalique (il était intervenu en sa faveur pour le Salon de 1895), ce dernier lui présenta Paul Haviland, dont il devint un proche. Lors de l’invasion de l’Alsace en 1940, Georges Picard fut expulsé de sa maison d’Obernai. Déporté parce que juif, il fut emmené à Lyon ; fut retrouvé par Paul Haviland qui l’hébergea et le cacha chez lui à Yzeures. A sa mort (en pleine guerre), c’est Paul Haviland qui acheta une concession en son nom pour son ami, à proximité duquel il repose aujourd’hui.
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