METTRAY (37) : parc de la Colonie agricole et pénitentiaire

vendredi 26 juin 2020
par  Philippe Landru

La colonie agricole et pénitentiaire de Mettray, destinée à réhabiliter de jeunes délinquants et située à Mettray fut créée en 1839 et fermée en 1939. Cet établissement, bien que fondé sur des principes idéalistes, à savoir rééduquer les jeunes délinquants par le travail de la terre, garda la triste réputation d’être l’ancêtre des bagnes pour enfants.

Sa création fut liée au mouvement philanthropique et à ses réflexions sur le statut des enfants et l’univers carcéral. À l’époque, la séparation entre détenus majeurs et détenus mineurs n’existait pas. Cet établissement privé comportait, outre le réfectoire et les dortoirs, une chapelle, des ateliers, des étables, des fermes-écoles, de vastes champs cultivés et même une carrière de pierres. Il accueillait les jeunes garçons acquittés par les tribunaux pour avoir agi sans discernement, ceux condamnés à des peines d’enfermement supérieures à six mois et n’excédant pas deux ans, les mineurs détenus par voie de correction paternelle, les enfants de l’Assistance publique placés par les services départementaux et, après la loi du 22 juillet 1912, les jeunes placés par les tribunaux. Les pensionnaires faisaient l’objet d’une surveillance constante. Ils ont la tête rasée une fois par mois et portaient un uniforme. Le travail était pénible, la nourriture médiocre : pour une journée, 750 grammes de pain rassis distribué en quatre fois, un litre de soupe maigre au déjeuner et au dîner, accompagné chaque fois de légumes secs. Le jeudi et le dimanche, les pensionnaires avaient droit à la soupe grasse accompagnée de 75 grammes de viande cuite désossée. Malgré la présence d’une infirmerie et d’un service médical, les décès, par accident, maladie, meurtre ou suicide, étaient monnaie courante.

Les élèves étaient logés, nourris et instruits gratuitement, mais ils devaient subvenir à toutes les autres dépenses. Pour ce faire, les sommes qui leur étaient dues au titre de leurs travaux étaient portées sur un livret et celles qu’ils dépensaient au magasin de la Colonie en étaint déduites. L’instruction (une heure par jour avec un peu de calcul, de lecture et d’écriture) tenait peu de place. Elle s’arrêtait dès que le personnel estimait que le niveau atteint est suffisant, « pour ne point donner aux élèves des connaissances qui, relativement à l’état actuel de l’instruction du peuple, seraient peu en rapport avec la condition qu’ils doivent occuper en sortant de la Colonie ».

L’institution, portée au début par l’enthousiasme de ses promoteurs, connut des problèmes financiers et périclita Visée par des campagnes de presse contre « les bagnes d’enfants », elle finit par être fermée en 1939. Pendant la durée de son activité, Mettray vit passer entre ses murs plus de 17 000 enfants. Jean Genêt fit partie de ses pensionnaires. Sur ce site, l’association « La Paternelle » installa en 1953 un institut médico-professionnel accueillant des jeunes garçons déficients intellectuels et des jeunes en grande difficulté « en vue de leur protection, l’éducation et la réadaptation des jeunes en danger moral, inadaptés, et handicapés ». Elle y gère aujourd’hui un dispositif ITEP (Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique) mixte.

Edouard DROUYN de LHUYS (1805-1881) fut député de Seine-et-Marne de 1842 à 1851. Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République le 10 décembre 1848, le nomma ministre des Affaires étrangères ; mais il démissionna l’année suivante en raison de divergences de vue avec le reste du gouvernement. Ambassadeur à Londres, il fit un second rapide passage à ce ministère en 1851. Après le coup d’État, il fut nommé une troisième fois ministre des Affaires étrangères (1852-1855). Il dirigea donc la diplomatie pendant la guerre de Crimée et participa aux conférences de Vienne de 1854 et 1855. En désaccord avec Napoléon III sur l’alliance avec l’Autriche, qu’il jugeait nécessaire, il démissionna à nouveau. Il fut nommé une quatrième fois ministre des Affaires étrangères en 1862, et il démissionna en 1866 car il était partisan d’une intervention militaire pour contrer l’activisme de la Prusse, option qui fur refusée par l’Empereur. Sénateur de 1852 à 1870, il était membre de l’Académie des sciences morales et politiques.

Inhumé au cimetière de Passy, son corps fut ensuite transporté à Mettray où il avait été président du conseil d’administration de la colonie pénitentiaire. C’est dans le petit cimetière, dans le parc de cet établissement, qu’il repose auprès de son épouse. Sa tombe fut redécouverte en 2013 !


Source : Wikipedia
Photos : tchorski.morkitu.org


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