SAINT-QUENTIN (02) : basilique
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Cette ancienne collégiale, devenue basilique en décembre 1876, est un édifice particulièrement ambitieux. Construite entre le XIIe et le XVe siècle, elle offre une des rares synthèses de l’architecture gothique dans le nord de la France.
Elle offrira au taphophile quelques évocations funéraires.
On y trouve tout d’abord dans un reliquaire une étonnante main noircie et parcheminée dite "de Saint-Quentin", apôtre originaire de Rome qui se serait rendu en Gaule, dans le courant de la seconde moitié du IIIe siècle, pour l’évangéliser, en compagnie de Lucien (futur martyr de Beauvais) et d’autres. Il aurait été martyrisé sous le règne des empereurs romains Dioclétien et Maximien. La basilique fut édifiée selon la légende sur le tombeau du "saint". De fait, une mission archéologique du CNRS menée entre 2006 et 2009 confirma la présence d’une tombe typique du IVe siècle au sein de la basilique, mais l’analyse au carbonne14 de la main précisa qu’elle datait… du XVIe siècle ! Quoiqu’il en soit, le culte de saint Quentin resta important, en particulier dans le Nord de la France.
S’y trouve également un monument commémoratif Bernard JUMENTIER (1749-1829), compositeur et maître de chapelle mort dans cette ville. Disciple de Jean-Philippe Rameau et de Christoph Willibald Gluck, il avait fait entendre, de 1783 à 1787, quelques-uns de ses motets, à la chapelle de Louis XVI à Versailles, ainsi qu’à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ils furent appréciés, mais la progression de sa carrière fut brutalement empêchée par la Révolution de 1789. Pendant la Révolution, il écrivit aussi un opéra historique, Chloris et Médor, et quelques romances patriotiques.
Maurice QUENTIN de LA TOUR (Maurice Quentin Delatour : 1704-1788) vint à
Paris pour faire son apprentissage et saisit l’intérêt de l’époque pour les portraits au pastel, témoignant d’une évolution des mentalités dans la mesure où jusqu’alors, le portrait n’était pas un genre noble du point de vue académique, a fortiori le portrait au pastel, assimilé au dessin. Il en devint l’un des maîtres et fut agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1737, puis nommé Peintre du Roi en 1750. Il fut le peintre des portraits de la famille royale, des nobles, des philosophes et des artistes. Il fut aussi un humaniste, ami des encyclopédistes, qui chercha à promouvoir des projets philanthropiques.
En 1784, il se retira dans sa ville natale de Saint-Quentin. Il y fonda une école gratuite de dessin, finança une fondation pour les femmes en couches et une autre pour les vieux artisans infirmes. A la fin de sa vie, son caractère s’altéra et il perdit la raison. A sa mort, il fut inhumé dans le cimetière paroissial Saint-André, désormais disparu. Ses restes furent peut-être transférés dans l’ossuaire du nouveau cimetière Saint-Jean, ouvert en 1802. Quoiqu’il en soit, il ne reste rien de ce qui fut sa tombe d’origine, sans doute modeste, voire non identifiée. En 1807, le frère de Quentin de la Tour, mit en vente le fonds d’atelier du peintre. Mais l’artiste était oublié à cette époque où le néo-classicisme dominait et la vente fut un échec. Les tableaux non vendus furent donnés à la ville de Saint-Quentin. Cette splendide collection est actuellement exposée au musée Antoine Lécuyer de Saint-Quentin.
- Louis XV
- Marquise de Pompadour
- Maria Leczinska
- Jean-Jacques Rousseau
Pour nous, sa peinture délicate prit avec le temps une dimension historique, celle de l’élégance insouciante des élites précédant les bouleversements de la Révolution. Et les plus anciens de ce site n’ont évidemment pas oubliés son autoportrait, qui orna tant de temps nos billets de 50 francs !
Quoiqu’il en soit, la ville de Saint-Quentin ne pouvait pas ne pas honorer l’un de ses plus célèbres natifs. La basilique possède une longue épitaphe érigée par les administrateurs des fondations qu’il avait créées.
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