PONTARLIER (25) : cimetière Saint-Roch
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Saint-Roch était le patron des pestiférés : le lieu prit ce nom car à cet endroit se trouvait précisément, comme il y en a pas mal en Franche Comté, un cimetière destiné aux morts de cette maladie. C’est vers 1820 qu’on y inhuma des décédés de la ville, et il devint officiellement le cimetière communal en 1828 (en 1905, dans le cadre de la lutte entre l’Eglise et l’Etat, il fut rebaptisé "cimetière des marguerites" mais ce nom ne parvint pas à se substituer à l’ancien.
Ce sont essentiellement des personnalités politiques ou militaires qui nous attendent dans ce cimetière. Cependant, les tombes témoignent aussi des activités propres à la région, tels les distillateurs d’absinthe ou les horlogers.
Curiosités
La tombe de trois soldats prussiens qui avaient refusé d’exercer des représailles contre des soldats français lors de la guerre de 1870 : leur tombeau est entretenu par la ville.
On trouve « L’Ange vengeur » ou « Le Génie de la Revanche », monument à la mémoire des morts des combats du 1er février 1871 au centre du cimetière communal de Pontarlier. Elle est l’oeuvre du sculpteur bisontin Camille Desmemay, cousin d’Auguste (voir plus bas). L’inscription en latin dit : “De ces ossements renaîtra notre vengeance" !
Dès l’entrée du cimetière, une parcelle militaire et un imposant monument aux Morts commémore les victimes de la Première Guerre mondiale.
Une tombe abrite le soldat Alfred Choulet : ayant perdu trois de ses frères durant la Première Guerre mondiale, on décida de lui faire garder le fort de Larmont réputé tranquille ; mais alors qu’il faisait une ronde, la foudre frappa sa baïonnette et le tua !
- La tombe du journaliste dreyfusard Emile Thomas (+1909) est ornée d’un médaillon en bronze.
- Le médaillon -abîmé- de l’ancien maire Pierre Antoine Patel
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Le peintre et cinéaste Pierre BICHET (1922-2008). Renommé pour ses paysages de neige, et plus particulièrement de la montagne Jurassienne, il fut aussi le collaborateur régulier du vulcanologue Haroun Tazieff dans ses explorations durant près de 40 ans.
Auguste DEMESMAY (1805-1853) : maire et sous-préfet de Pontarlier, il fut député du
- Caricaturé par Daumier
département entre 1842 et sa mort. Cet orléaniste libéral s’est illustré comme un défenseur de la paysannerie et comme opposant farouche à l’impôt sur le sel. Il fut également l’auteur d’une oeuvre littéraire, en particulier de poésies. Il repose dans le même tombeau que son père, Étienne François Philippe DEMESMAY (1772-1853) dont il suivit la carrière puisque ce dernier, notaire, avait été maire, sous-préfet de Pontarlier, et député durant les Cent jours.
Philippe GRENIER (1865-1944) : personnage étonnant ! Médecin converti à l’islam (à une époque où cela se faisait peu, particulièrement dans la très catholique Pontarlier), s’opposant à la consommation d’alcool pour des raisons médicales (dans une ville renommée pour ses distilleries), il fut cependant élu député en 1896, ce qui fit de lui le premier député musulman de l’histoire de France ! Il portait à Pontarlier la tenue traditionnelle des musulmans algériens (gandoura portée sous un burnous), ce qui fit jaser (la presse l’accusait tantôt de posséder un harem, tantôt de baiser le tapis de l’entrée de la Chambre des députés ou encore de se laver continuellement les pieds). Sur le conseil de Jean Jaurès, il devint le « député des musulmans de France », et se rendit souvent en Algérie française pour le besoin d’enquêtes parlementaires. La plupart de ses propositions portaient sur l’amélioration du sort des sujets musulmans de la France en Algérie, mettant en garde de manière prophétique contre les risques de « troubles très graves » en Algérie si on continuait à ignorer ses propositions. À la suite de ses prises de position éthiques et de son combat pour la respectabilité de l’islam français, les électeurs de Pontarlier l’accusèrent d’oublier d’où il venait et qui il représentait à la Chambre des députés. Un collège, une rue et la mosquée de Pontarlier portent son nom. Il fut inhumé dans le caveau familial et il est intéressant de noter que sa tombe est surmontée d’une croix chrétienne.
Le chirurgien Jacques HENRIET (1904-1988), il fut un sénateur conservateur de 1959 à 1980. Il combattit vivement la dénatalité, la contraception et l’interruption volontaire de grossesse.
Le sous-officier Claude-Joseph JACQUIN (1777-1859), qui fit les deux campagnes d’Italie et l’expédition d’Egypte. Admis à la retraite dès 1801, il reprit du service lors des Cent jours : face aux troupes d’invasion (autrichiennes et suisses, dans le Haut-Doubs), il s’était porté volontaire, hors des cadres officiels de l’armée, pour prendre la tête d’un corps franc. Condamné à mort à la Restauration ; il fut finalement gracié. Son monument funéraire célèbre les batailles auxquelles il participa.
Marcel LANQUETIN (1891-1965), qui fut préfet du Pas-de-Calais puis du Nord mais aussi Chef de cabinet du ministre Roger Salengro.
Les Fils d’Émile Pernot est une distillerie (familiale jusqu’en 2005) traditionnelle française de La Cluse-et-Mijoux, fondée en 1889 par Émile-Ferdinand Pernot à Pontarlier, avec pour produit phare l’absinthe. Précisons que cette famille est sans lien de parenté avec Henri-Louis Pernod, fondateur de la distillerie Pernod (groupe Pernod Ricard). En 1908 Émile-Joseph PERNOT (1879-1946) devint le successeur de son père. Ses deux fils Roger-Émile (1908-1954) et Georges Pernot travaillèrent avec leur père dès leur plus jeune âge avant de lui succéder, et ce sont eux qui rebaptisèrent la distillerie « Les Fils d’Émile Pernot ». Emile-Joseph et Roger-Emile reposent ensemble dans le même caveau.
Le photographe Paul STAINACRE (1913-1986), dont l’oeuvre est une véritable chronique du Haut-Doubs au XXe siècle.
Merci à Jules R. pour les photos.
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