SAINT-MALO (35) : vieux cimetière de Saint-Servan dit Jeanne Jugan
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De tous les cimetières de Saint-Malo, le vieux cimetière de Saint-Servan (dit aussi Jeanne Jugan, du nom de la rue dans lequel il se trouve, mais aussi appelé « cimetière de la vigne au chat ») est à l’évidence le plus romantique. Il fait penser aux cimetières dormants de Caen dont il partage l’exiguïté, la surabondance de la végétation, les tombes anciennes moussues...
Ce cimetière possède une caractéristique : il abrite une enclave protestante, dit « cimetière anglais » : il tire son origine de la présence d’une forte colonie anglaise, venue pour des raisons commerciales. Saint-Servan, qui possédait d’ailleurs un temple protestant rue du Chapitre, obtint vers 1850 des concessions dans une partie bien délimitée du vieux cimetière. Les sépultures anglaises représentent une trentaine de concessions à perpétuité, dont la plus ancienne semble porter la date de 1855.
- Démarcation à l’entrée du cimetière anglais
- Vue sur l’intégralité du cimetière anglais
Ce vieux cimetière, malgré le peu de tombes, offre une grande richesse historique sur la ville et la région : tombeaux de marins et de corsaires, priant d’un prêtre...
- Un « cycliste » au 13ème hussard mort pour la France en 1915.
- La plaque du capitaine de frégate Henri Corlouer, mort en 1935, nous apprend qu’il fut un « grand navigateur qui parcourut 600 000 kilomètres sur les mers »
Parmi les tombes éparses se distinguent quelques identités qui furent fameuses en leur temps :
Le révérend Wilton OLDHAM (1835-1883), ancien administrateur colonial et auteur d’une histoire du district de Ghazeepoor, dans le province de Bénarès où il vécut.
Pierre Etienne BOUVET de MAISONNEUVE (1775-1860) : corsaire malchanceux, il fit ensuite une brillante carrière de course, dont les exploits furent sans égal. Le plus remarquable fut la prise du grand vaisseau anglais Le Marguerite, de la Compagnie des Indes Orientales, qu’il captura avec un modeste voilier indien armé d’un seul canon. Il arrêta sa carrière tôt, devint en 1830 député d’Ille-et-Vilaine. Il fut en outre représentant de La Réunion au Conseil des Colonies (1833).
Le contre-amiral Auguste Léopold PROTET (1808-1862) qui fut le gouverneur du Sénégal de 1850 à 1854. Il fonda, à partir d’un petit port de pêcheurs, la ville de Dakar. Par la suite, il participa à la prise de Pékin et fut grièvement blessé en 1862 à Shanghai lors d’une bataille contre l’armée des rebelles Taiping. Son corps fut plus tard rapatrié et inhumé ici, le 19 janvier 1865. Sa belle chapelle est désormais ouverte à tous vents.
Le corsaire malouin René-Noël ROSSE (1767-1826), natif de Saint-Pierre-et-Miquelon.
L’amiral François-Thomas TREHOUART (1798-1873), qui remplaça en Crimée l’amiral Bruat. Préfet maritime, sénateur de 1859 à sa mort, créé amiral de France le 20 février 1869. Il est à ce jour le dernier à être parvenu à cette distinction. Sa chapelle porte ancre de marine et bâton d’amiral.
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