DOUARNENEZ (29) : cimetière de Tréboul

lundi 17 octobre 2016
par  Philippe Landru

Cimetière non traité de manière exhaustive

Dans le magnifique cimetière marin de Tréboul, à Douanenez, reposent quelques figures qui connurent de la notoriété en leur temps.

- John-Antoine NAU (Eugène Torquet : 1860-1918) était un romancier et poète symboliste américain d’ascendance et d’expression françaises. Perpétuel voyageur hanté par la mer, il fut avec son roman Force ennemie le premier lauréat du Prix Goncourt en 1903. Il se lia avec les membres du club des Hirsutes qui, avec le cercle des Zutistes et le club des Hydropathes, réunissait les précurseurs du symbolisme. Il collabora ainsi, dès son premier numéro, à la revue du Chat noir.

- Georges PERROS (Georges Poulot : 1923-1978), qui reçut au Conservatoire d’art dramatique, joua dans de petits rôles. Son deuxième prix de Comédie, obtenu en 1948, lui permit d’entrer à la Comédie française. Lecteur assidu, il fut engagé au TNP de Jean Vilar et devint rédacteur pour la N.R.F. dans les années 1950. S’ennuyant à la figuration théâtrale, il décida de quitter la scène pour se consacrer à la littérature, publiant dès 1953 ses premières notes dans La Nouvelle Revue française. Il publia les premiers Papiers collés, Les Poèmes bleus et Une vie ordinaire, recueils de ses notes de lectures. En 1971, il obtint le prix Valéry Larbaud, récompensant son oeuvre.

Un autre tombeau attirera notre attention : il ressemble à l’une de ces fontaines dont la Bretagne est friande. Une plaque indique la présence d’Yvonne Becker (+1935) et de Kitty Lillaz (1914-2008). Il s’agit de la mère et de l’épouse de Georges Lillaz. La première était la petite-fille de Xavier Ruel, le fondateur du BHV à Paris : de ce fait, son fils Georges hérita de la gestion du « paquebot » commercial parisien. Sous une apparence misanthrope, Georges Lillaz fut en réalité un grand philanthrope : fondateur du célèbre « SOS Amitiés » [1], il participa à un très grand nombre d’assistance aux démunis, et apporta en particulier son aide (et les camions de son magasin) à l’abbé Pierre durant le cruel hiver 54. Né en 1911, j’ignore quand il mourut : il était entre-temps devenu citoyen suisse. Sa seconde épouse Kitty, qui repose ici, fut une excentrique mondaine qui côtoya l’élite culturelle de son temps. Rien ne permet d’affirmer que Georges Lillaz repose dans ce tombeau.

Nous terminerons cette présentation par une note humoristique dans les toilettes du cimetière.

En dehors du cimetière, sur le quai du port de Tréboul, la société des régates de Douarnenez et le Yacht Club de France rendirent hommage par une stèle à Virginie Hériot. Riche héritière, très tôt passionnée de voile, Virginie HÉRIOT (1890-1932) fut la première navigatrice française championne olympique de voile en 1928. Elle contribua à la promotion de ce sport et fut reconnue comme une « ambassadrice de la marine française », ce qui lui valut également le surnom poétique de « Madame de la Mer ». Sa mère, ne pouvant se résoudre à faire immerger son corps au large des côtes bretonnes, comme elle l’avait souhaité, la fit inhumer dans le caveau familial à La Boissière-École (78) [2] Ce n’est qu’en 1948 que son fils fit respecter cette dernière volonté en faisant immerger son cercueil au large de Brest. Cette stèle à donc valeur de cénotaphe.


Merci à Nicolas Badin pour les photos.


[1brocardé par la troupe du Splendid dans le non moins célèbre Père Noël...

[2Virginie était la petite-fille de Charles Hériot, le fondateur des Grands Magasins du Louvre à Paris, qui repose dans un monumental tombeau à Essoyes (10). Olympe, fille de Charles et mère de Virginie, fit construire un tombeau de famille à La Boissière-Ecole.


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