ABLAIN-SAINT-NAZAIRE (62) : Nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette
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La nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette [1] est un cimetière militaire et mémorial français situé sur la colline éponyme, à 165 mètres d’altitude, sur le territoire de la commune d’Ablain-Saint-Nazaire près d’Arras, dans le département du Pas-de-Calais. D’octobre 1914 à octobre 1915, la colline de Lorette, située sur le territoire d’Ablain-Saint-Nazaire, fut l’objet de luttes farouches entre l’armée française et l’armée allemande. Cette position dominante offrait un observatoire exceptionnel sur le bassin minier au nord, et la plaine d’Arras au sud. En une année, 188 000 soldats, dont 100 000 français, sont morts pour défendre ou prendre « l’éperon de Notre-Dame-de-Lorette ».
Immédiatement après la guerre, le site de la colline de Notre-Dame-de-Lorette fut choisi pour rassembler les dépouilles de soldats provenant de plus de 150 cimetières de l’Artois et des Flandres françaises.
Inaugurée en 1925, elle commémore les milliers de combattants morts sur un des champs de bataille les plus disputés de la Première Guerre mondiale entre octobre 1914 et septembre 1915. Environ 45 000 combattants y reposent, dont la moitié dans des tombes individuelles. Le site, comprenant le cimetière, la basilique, la tour-lanterne et le musée, a une superficie de plus de 25 hectares. C’est la plus grande nécropole militaire française. Une tombe du Soldat inconnu de la guerre d’Algérie y a également été inaugurée le 16 octobre 1977
La nécropole comporte huit ossuaires, un carré musulman de la nécropole, qui héberge les tombes de 576 soldats musulmans de l’Armée française morts pour la France durant la Première Guerre mondiale [2], une tour-lanterne, œuvre de l’architecte Louis Marie Cordonnier, qui s’est inspiré de celle de Saint-Pierre-d’Oléron. Elle s’élève à 52 m de hauteur et son sommet contient une lanterne qui tourne à raison
de cinq tours par minute, dont la lumière est visible à plusieurs kilomètres à la ronde. La tour abrite également une crypte dans laquelle se trouve un ossuaire ainsi qu’une chapelle ardente. La chapelle de Notre-Dame-de-Lorette qui est aussi l’œuvre de Louis Marie Cordonnier, est un édifice de type romano-
byzantin. Elle fut bénie en1927 par Mgr Eugène JULIEN (1856-1930), évêque d’Arras et membre de l’Académie des sciences morales et politiques, qui fut selon son propre vœu inhumé dans cette chapelle.
À l’occasion du centenaire de la Grande Guerre, le 11 novembre 2014, fut inauguré un mémorial international comportant les noms de 600 000 soldats tombés sur le sol du Nord et du Pas-de-Calais entre 1914 et 1918. Il est dénommé Anneau de la Mémoire et situé sur les bords de la colline de Notre-Dame-de-Lorette. Dessiné par l’architecte Philippe Prost, il consiste en un anneau d’un périmètre de 345 m, sur lequel sont inscrits les noms des soldats par ordre alphabétique, sans distinction de nationalité, de grade ou de religion.
Parmi les milliers de victimes, le nom de quelques personnalités, tombées pendant ces combats, émergent au milieu de leurs camarades de combat :
le lieutenant Nicolas BENOIT (1875-1914), officier de marine, qui à la suite de sa
rencontre avec Baden Powell fonda les Eclaireurs de France. Il fut donc le premier à importer le scoutisme en France. Il tomba sur le front belge. Son corps fut rapatrié ici en 1922.
François FABER (1887-1915) : coureur cycliste de nationalité luxembourgeoise, il
compta à son palmarès un Tour de France, un Tour de Lombardie, un Paris-Roubaix, deux Paris-Tours, un Bordeaux-Paris et un Paris-Bruxelles. Engagé volontaire dans la Légion étrangère dès le début de la Première Guerre mondiale, il fut tué au combat lors de la bataille de l’Artois en mai 1915. Son corps ne fut jamais retrouvé, et il fut officiellement déclaré mort par le tribunal de la Seine en 1921. Le Grand Prix François-Faber organisé au Luxembourg depuis 1918, lui rend hommage annuellement. A défaut de tombe, une plaque existe dans la chapelle à sa mémoire.
Merci à Simon Tiron pour le complément photographique.
[1] La colline de Notre-Dame-de-Lorette doit son nom à l’oratoire édifié au XVIIIe siècle par le peintre Florent Guilbert à son retour de pèlerinage à la Santa-Casa de la Vierge à Lorette en Italie. L’oratoire fut détruit pendant la Révolution et fut remplacé par une chapelle détruite elle aussi lors des bombardements de la colline en 1914 et 1915.
[2] Ce carré a été profané à trois reprises depuis 2007.
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