ARMENTIÈRES (59) : cimetière
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Pour l’histoire plus générale des cimetières de la ville, on consultera également l’article suivant.
Disons le : le cimetière d’Armentières, grand cimetière urbain, n’a aucun charme. Alignement monotone de tombes d’époques variables que ni le site, ni la végétation ne vient rompre. Quelques vieilles chapelles bourgeoises subsistent, dans une nécropole dont la dimension populaire domine très largement. Ces chapelles (ou tombes monumentales) sont celles des grands industriels du textile et de l’activité brassicole.
- Famille Bouchez - Dansette.
- La tombe toute en fantaisie de M. Bouvart, principal du collège d’Armentières en 1855. Une des rares sculptures du cimetière.
En terme taphophilique, ce cimetière est néanmoins associé à un point de folklore qui dépassa de très loin la commune.
« Mademoiselle from Armentières »
Le 17 octobre 1914, le Royal Irish Fusiliers pénètre dans Armentières, à 2 kms du front, qui fut par la suite constamment défendue par les troupes britanniques. Des relations amicales se créèrent entre les troupes et la population.
En mars 1915, un soldat observe au café de la Paix, rue de la Gare, une serveuse du nom de Marie Lecocq qui, n’appréciant pas la main baladeuse d’un officier, avait répliqué par une gifle bien sentie. Il s’appelle Edward Red Rowland, et fait de la serveuse le sujet de quatre vers d’une chanson. Son ami, le lieutenant canadien Gitz Ingraham Rice, fit une musique en s’inspirant d’une chanson militaire du XVIIIe siècle très connue à l’époque.
Très vite, la chanson se répandit de tranchées en tranchées, puis compte-tenu de l’étendu de l’empire britannique, fit le tour du Monde. Certains chanteurs s’en emparent, tel Sinatra. Revenue en France en 1950, la chanson donne son titre à une version assez confidentielle interprétée par une chanteuse à succès de l’époque, Reine Paulet. En 1952, Loulou Gasté crée des paroles en français, et Line Renaud, son épouse, en fait un succès rapidement international. Pour les amnésiques, une petite audition s’impose. Pour la version originale, celle des tranchées, on ira plutôt là.
Et le cimetière dans tout cela ? Et bien c’est assez naturellement ici que fut inhumée Marie LECOCQ (1890-1945), l’inspiratrice de la chanson [1]. Elle repose depuis 2007 auprès de sa fille.
En 2008, Line Renaud, en présence des petites-filles de Marie Lecoq, inaugura dans ce même cimetière, près du carré militaire, un monument représentant Mademoiselle portée par quatre soldats de l’Empire : un Anglais, un Écossais, un Australien et un Indien (et pas un Hindou, comme il est écrit sur la plaque officielle d’explication !!!).
Le maire maître-d’oeuvre de cette cérémonie, qui avait reçu Line Renaud, était Gérard HAESEBROECK (1923-2012). Sa longévité exceptionnelle en tant que maire d’Armentières (de 1959 à 1999 !!) fit de lui une personnalité emblématique de la ville [2]. Membre de la SFIO, puis du PS, il fut également parlementaire socialiste (député de 1973 à 1986). Il repose également dans ce cimetière.
[1] En réalité, elle fut transférée trente ans après sa mort du cimetière de Marquette où elle avait été inhumée.
[2] Depuis 2008, son fils est le nouveau maire de la ville.
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