ARRAS (62) : cimetière
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C’est par un temps très inamical que j’ai visité le grand cimetière d’Arras, ce qui explique la pauvre bouille de certaines photos ! Avec ces 10 hectares, c’est plutôt une grande nécropole. Le site, plat et peu arboré, est totalement quelconque. Néanmoins, il propose assez de tombeaux intéressants pour valoir la visite.
Dès l’entrée, l’allée centrale se veut celle des notabilités de la commune (la plupart ne sont pas des personnalités : familles de notaires, d’industriels, d’administrateurs, d’anciens édiles...). Elle se signale par des tombeaux imposants, à l’architecture et à la statuaire très conventionnelles. La partie à gauche de l’allée centrale est la plus ancienne : disséminés ça et là dans les divisions se trouvent les tombeaux les plus intéressants.
Curiosités
Saluons, comme cela se diffuse amplement dans ce département, l’existence d’une borne interactivepermettant de retrouver rapidement le défunt recherché.
Ce cimetière a une caractéristique que je n’ai jamais vu, de manière aussi aboutie, dans aucun autre cimetière : un mur des chanoines de la cathédrale qui porte un très grand nombre de plaques funéraires, certaines portant médaillons... Une manière de renouer avec le mur des cloîtres ou de certaines cathédrales, mais plus inattendu dans un cimetière communal.
Des œuvres. La statuaire, d’inspiration catholique, est très conventionnelle. Les médaillons, en revanche, attestent de la vitalité des écoles de la région, avec des oeuvres de Carlier, Louis-Noël, Jules Déchin...
- Descente de croix de la tombe Norman.
- Statue de Mme Grandguillaume par Emile Thomas
- Le médaillon de Victor Leroy (+1922), ancien maire d’Arras, oeuvre du sculpteur Arthur Mayeur.
- Médaillon du chanoine François Cartel (+1960) par A. Hubert.
- Le double portrait de la famille Doutremépuich par Augustin Lesieux.
- Médaillon du docteur Dusart par Louis Noël.
- Le buste d’henri de Mallortie (+1895) par Louis Noël.
- Médaillon Wavelet par Joseph Carlier.
- Médaillon en bronze de Léonce Quilliet (+1932) par Joseph Emile Carlier.
- Le gymnaste Henri Audemars possédait a priori un bas-relief arraché de sa tombe.
Parmi les tombes insolites, une imposante chapelle surmontée de quatre chiens.
- Vanitas vanitatum...
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Jules François BLONDEL (1887-1975), qui fut ambassadeur de France au Mexique
entre 1921 et 1922, chargé d’affaires à Rome entre 1936 et 19383, ambassadeur en Irlande en 1938 et ambassadeur en Bulgarie de 1940 à 1943. Il laissa un recueil de souvenirs (Au fil de la carrière). Une oeuvre en bronze ornait sa tombe, mais elle a disparu.
Le peintre Victor Alphonse Charles BOYENVAL (1832-1903), inhumé sous un médaillon en bronze par Joseph Carlier
.
Le porcelainier Henri CAUDRON (1902-1977), qui fut dans les années 60 le rénovateur et le restaurateur de la porcelaine d’Arras, avec les motifs traditionnels et le bleu caractéristique mais réalisés sur de la porcelaine de Limoges.
La famille d’imprimeurs CHARRUEY, présente tant à Arras qu’à Bordeaux.
Le journaliste républicain Frédéric DEGEORGE (1797-1854), qui fut membre de la
Charbonnerie et mêlé à plusieurs conspirations (il prit part à toutes les tentatives d’insurrections républicaines et fut contraint à l’exil pendant quelque temps). Toujours dans l’opposition sous la Monarchie de Juillet, il fit l’objet de nombreux procès de presse. Commissaire général du gouvernement provisoire dans le Pas-de-Calais en février 1848, il fut député du Pas-de-Calais de 1848 à 1849, siégeant à gauche. Il repose sous un buste par Jean-Baptiste Baujault qui porte les marques des terribles bombardements que connu le cimetière durant la guerre.
Le peintre Constant DUTILLEUX (1807-1865), qui fut l’ami de Corot et un adepte de l’École de Barbizon. Il fut en outre l’arrière-grand-père du compositeur Henri Dutilleux.
La peintre portraitiste Jenny FONTAINE (1862-1938), qui privilégia les femmes et les petites filles. Sa présence dans ce cimetière est signalée par une discrète plaque sur le mur en brique.
L’organiste et compositeur Alexandre GEORGES (1850-1938) qui occupq divers
postes d’organiste dans les églises parisiennes, à Sainte-Clotilde et à Saint-Vincent de Paul. Il fut un professeur d’orgue très recherché et il s’est beaucoup intéressé, en tant que compositeur, à l’Opéra. Georges doit la notoriété à deux cycles de mélodies qu’il a écrit : Les chansons de Miarka (1888, sur des poèmes de Jean Richepin) et Les chansons de Leïlah (1899, d’après "Diwân", poème persan de Émile Mariotte).
L’inventeur Nicolas JACQUET (1802-1882). Sa plaque difficilement lisible nous
apprend qu’il fut l’inventeur de la première perforatrice de mine. Elle indique qu’il inventa également le premier parachute de mine, invention attribuée pourtant plus surement à un certain Fontaine qui repose au cimetière d’Anzin. Il repose sous un massif morceau de roche. Un médaillon en bronze tardif est signé par Paul Capellaro.
Emile LENGLET (1811-1878) : avocat, il fut député républicain modéré de l’Assemblée Constituante entre 1848 et 1849. Il fut encore préfet du département sous le gouvernement de la Défense nationale en 1870. Dans ce même caveau repose également le père de son gendre, l’officier napoléonien Henri de LANNOY (+1848). La tombe est ornée de trois médaillons : les leurs et celui du petit-fils d’Henri, Ernest De Lannoy (+1911). Ils ont été réalisés au début du XXe siècle par Marie Fresnaye.
- Henri de Lannoy
- Emile Lenglet
- Ernest de Lannoy
Le sculpteur Edmond Constant MATHON (1835-1890), qui repose sous un médaillon
de Jules Déchin.
Au centre du cimetière, l’enclos funéraire du jeune sculpteur Jean Baptiste Florent ROBERT (1832-1862), orné d’un médaillon de mauvaise facture et d’une statue fort délabrée.
Le peintre spirite Victor SIMON (1903-1977).
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