BOULOGNE-SUR-MER (62) : cimetière de l’Est
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Créé en 1806, il est le cimetière le plus ancien de la ville. Jusqu’alors, Boulogne comptait deux grandes nécropoles : celle de la haute ville (au pied de Notre-Dame) et celui de la basse ville (autour de Saint-Nicolas).
On distingue désormais le cimetière ancien du cimetière nouveau, séparés par la rue de Dringhen. La partie ancienne est vraiment intéressante en raison de la conservation de très nombreux anciens tombeaux. La statuaire est assez présente dans ce lieu, essentiellement réalisée par des artistes locaux (Paul Graf, Achille Blot, John Hopkins, Edouard Lormier, Antoine Declercq, Jean de Bay). Le cimetière souffrit beaucoup des bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
Il est sans doute le plus intéressant des grands cimetières de cette côte, même comparé à ceux de Calais ou Dunkerque.
Curiosités
Le 31 août 1833, un drame effroyable s’est produit face au port sous les yeux de nombreux Boulonnais. Un navire anglais transportant des femmes déportées vers l’Australie a fait naufrage en refusant toute assistance. Leur crime était d’être pauvre. En ce temps, le Royaume-Uni se débarrassait à peu de frais de ses indigents en les déportant en Australie. Des dizaines de corps de femmes ainsi qu’une partie de l’équipage furent rejetés sur le rivage par les flots déchaînés. Ils reposent sous un monument collectif érigé en 1853 de ce cimetière.
Le cimetière contient la tombe d’une des plus populaires femme à barbe de l’époque (Clémentine Lestienne : 1839-1919) : cette dernière vendait des confiseries (et un fameux pain d’épices) sur les foires locales (div28).
Le cimetière possède un nombre particulièrement important d’œuvres :
- Le médaillon et un bas-relief peu lisibles par Marie Cazin sur la tombe de l’ancien maire Douglas Aigre.
- Le buste de l’ingénieur Bégin par Jean de Bay.
- L’adjudant Bouchez périt dans l’incendie de la gare maritime en 1905. Son médaillon et un bas-relief (qui réunit les attributs du pompier) sont de Paul Graf.
- Buste du commissaire-priseur Caen par Achille Blot.
- Le beau médaillon du libraire britannique Henry Melville Merridew est signé Albert Declercq. Merridew dut l’érection de son monument dans l’ancien carré protestant au dévouement dont il fit preuve durant la guerre de 1870.
- Le buste de l’ancien maire D. Henry (+1883) par Achille Blot.
- Le buste de Louis Sagnier (+1895) par E. Lormier.
- Le buste du colonel Dupuis, tué à la bataille de Sébastopol, oeuvre de Jean de Bay.
- La pyramide du soldat Auguste Mamelin (+1870) à la longue épitaphe.
- Le bas-relief du journaliste Emile Lemaitre (+1933) réalisé par Augustin Demizel.
- Buste du maire François Duhamel par E. Lormier.
- Le buste de l’ouvrier métallurgiste et syndicaliste Léonce Tobo (+1904) par Paul Graf.
- Le médaillon en bronze du procureur Ovion, par Louis Gournay.
- Le buste du colonel Ravaut par Maurice Rogerol.
- Le buste d’Eugène Déjardin par E. Lormier.
- Le buste Demarle (+1864) par John Hopkins.
Célébrités : les incontournables...
Aucune. Pas de « star » ici !
Adam Liszt (1776-1827) était violoncelliste dans un orchestre local et secrétaire du prince Esterházy. Lui-même était le petit-fils d’un migrant serf germanophone, Sébastian Liszt, qui avait quitté sa Basse-Autriche natale durant la première moitié du XVIIIe siècle pour venir s’installer en Hongrie. Adam enseigna le piano à son fils Franz dès son plus jeune âge. C’est au retour d’un troisième voyage avec son fils en Angleterre qu’Adam contracta la fièvre typhoïde et mourut à Boulogne-sur-Mer. Franz Liszt composa pour son père une courte marche funèbre, qui marqua également la fin de sa carrière d’enfant prodige. Adam fut enterré ici. Un cénotaphe, à l’entrée du cimetière, rappelle sa mémoire depuis 2001 : il s’agit d’une stèle en bois de style hongrois gravée appelée fejfa (div2B).
... mais aussi
Augustre ANGELLIER (1848-1911) fut le premier professeur de langue et littérature anglaises de la Faculté des Lettres de Lille, avant d’en être son doyen de 1897 à 1900. Critique et historien de la littérature, mais aussi poète, il fit sensation à la Sorbonne en attaquant les théories de Taine dans sa thèse sur Robert Burns en 1893. Sa tombe est ornée d’une Douleur par Marqueste (div19).
Le Compagnon de la Libération Georges BAVIÈRE (1902-1971), officier de métier entré dans la Résistance en 1940. Il prit part aux campagnes d’Erythrée et de Syrie, de Libye, d’Italie et de Provence, avant de libérer l’Alsace. Il fut après la guerre commissaire à la reconstruction de 1948 à 1956. Il repose face au cimetière militaire (div45).
Le très prolifique sculpteur local Achille BLOT (1855-1926), qui laissa tant d’oeuvres dans ce cimetière (div33).
Le corsaire baron BUCAILLE (Jacques Oudart Fourmentin : 1764-1848), qui « officia » sous la Révolution et l’Empire. Fin observateur, il développa une nouvelle tactique d’assaut, basée sur la surprise et la rapidité grâce à l’emploi d’une embarcation légère et maniable (type grande chaloupe). Grâce à ses succès, il fut décoré de la Légion d’honneur, puis fait chevalier héréditaire de l’empire par Napoléon (1809). On lui attribua 99 prises. Sa légende fut vivace et le fit devenir héros de Boulogne-sur-Mer (div10).
La peintre Marie CAZIN (1844-1924) et son fils, également peintre, Michel CAZIN (1869-1917).
Le comédien COQUELIN Cadet (Alexandre Coquelin : 1848-1909) : comédien de la Comédie française spécialisé dans le monologue (dit Coquelin cadet pour le distinguer de son frère Constant, dit Coquelin aîné), il joua également des vaudevilles sur toutes les grandes scènes parisiennes de l’époque. Il mourut dix jours après son frère (div4).
Le peintre et sculpteur Augustin DEMIZEL (1878-1967), ancien élève de Bonnat. Il fut directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de la ville. Il fut l’auteur du bas-relief représentant sa fille figurant sur le tombeau (div2B).
L’architecte Albert DEBAYSER (1804-1886) : il travailla sur plusieurs édifices à Boulogne, dont l’Hôtel-de-ville et le théâtre (div14) .
Le poète et dramaturge Alfred DUBOUT (1854-1936), sous un buste réalisé par Edouard Manchuelle (div2).
Le médecin et neurologue Guillaume DUCHENNE (1806-1875), qui fut l’un des plus grands cliniciens du XIXe siècle et le fondateur de la neurologie. Duchenne fut par exemple un pionnier dans l’utilisation de l’électricité comme instrument d’expérimentations physiologiques. Il décrivit plusieurs affections et localisa leur origine, comme ce fut le cas d’une forme
- Guillaume-Benjamin Duchenne déclenchant une expression de frayeur par la stimulation électrique.
d’atrophie musculaire qui porte aujourd’hui son nom, (la myopathie de Duchenne). Photographe, il a méticuleusement recensé toutes les expressions possibles du visage en se servant comme modèle, ou cobaye, d’un homme aux traits paralysés. C’est à l’aide de l’électricité que les expressions étaient obtenues (div1).
Le pianiste Charles ELOFFE (1925-1987), ancien élève de Cortot, qui enregistra de nombreux disques, repose sous une tombe totalement ruinée (div39).
Le négociant Louis FONTAINE (1767-1849), maire de Boulogne, qui fut député du Pas-de-Calais de 1821 à 1824 puis de 1827 à 1831. Il siégea à Gauche.
L’avocat Adolphe GÉRARD (1804-1878), chez qui résida son ami San Martin lorsqu’il vécut à Boulogne. Cette maison est depuis devenue la Casa Martin, musée qui se visite (div14).
Le peintre Georges GRIOIS (1872-1944), classé dans le mouvement du Postimpressionnisme, qui peignit l’Océan et les hommes qui y travaillaient (div45) .
Ernest HAMY (1842-1908) : médecin de formation, il fut anthropologue et ethnologue et le fondateur du Musée d’Ethnographie du Trocadéro. Il développa avec ses collaborateurs un intérêt grandissant pour l’américanisme et fonda la toute première société américaniste de France à Paris. Il était membre de l’Institut. Le buste qui orne sa tombe est de Léon Fagel (div11).
Eugène LIVOIS (1815-1885) : médecin, maire de Boulogne-sur-Mer, il fut député du Pas-de-Calais de 1877 à 1881, siégeant au groupe bonapartiste.
Le peintre Emile MARTEL (1847-1910), dont la tombe est ornée d’un médaillon en bronze par Achille Blot (div10).
Le chansonnier local Jean de MISAINE (Paul Bracquart : 1885-1955) (div24).
Léon MOREL (1850-1917), spécialiste de littérature anglaise et traducteur qui fut maître de conférence à la Sorbonne
Le violoniste Hubert-Louis PRINGÉE (1827-1893), sous un buste par A. Thomas (div11).
Frédéric SAUVAGE (1786-1857), mécanicien et ingénieur, il fut un inventeur doué, en particulier de l’hélice à spirale (en remplacement de la roue à aubes), du physionomètre, du réducteur de statue et du soufflet hydraulique. Rattrapé par ses créanciers, Frédéric Sauvage fut emprisonné au Havre en 1843. Après sa libération, il sombra dans la dépression. Atteint par la folie, il entra à la maison de santé de Picpus à Paris où il mourut. Il fut inhumé au Père Lachaise, mais ses restes furent transférés en 1872 dans le cimetière de sa ville natale. Il repose sous son buste et un bas-relief qui représente ses principales inventions, oeuvres de John Hopkins (div14).
Le colonel Joseph SANSOT (1776-1853), fidèle de Napoléon Ier dont il fit les campagnes, dans l’opposition sous la Restauration, rallié à la monarchie de Juillet, qui eut le cornélien problème d’arrêter les conjurés débarqués à Boulogne lors du rocambolesque débarquement de Louis Napoléon Bonaparte en 1840.
Charles TERNISIEN (1843-1916) était rédacteur du journal satirique Le Farceur. La composition en bronze par Achile Blot qui ornait sa tombe a été dérobée (div1).
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