SENONNES (de) Marie-Geneviève-Marguerite (1783-1828)

Père-Lachaise - 45ème division
dimanche 3 février 2008
par  Marie Beleyme

Native de Lyon, et épouse d’un drapier lyonnais c’est avec ce dernier qu’elle vient s’établir à Rome où le couple ne tarde pas à divorcer. Se faisant passer pour italienne, elle devient la maîtresse d’Alexandre de la Motte-Baracé (1781-1840), vicomte de Senonnes, collectionneur, artiste à ses heures et royaliste convaincu qui doit attendre la chute de l’Empire pour rentrer en France [1]. Leur mariage a lieu à Paris en août 1815, au grand déplaisir de la famille de l’époux. La vicomtesse meurt dans la capitale le 25 avril 1828. Elle repose en bordure de 45ème division dans une chapelle très délabrée. Il faut pousser la porte pour y lire les noms des personnes inhumées et apercevoir un joli médaillon représentant Marie de profil ainsi qu’un bas-relief représentant un jeune éphèbe nonchalamment appuyé sur une urne et tenant une torche renversée, par Louis-Marie Normand.

Tout comme Caroline Rivière, ce n’est que grâce au portrait qu’Ingres en a laissé, que Madame de Senonnes n’est pas totalement oubliée, du moins par les amateurs d’art. A l’époque de sa vie où Ingres dédaignait le portrait, il est curieux de constater le soin apporté à cette peinture, achevée en 1814. Encore un fois, ce portrait est porteur d’une grande sensualité : les lèvres sont entrouvertes, le décolleté est révélé par une chemise transparente, la robe de velours rouge doublée de satin est un hommage à la Fornarina, autre femme perdue... Voilà Mme de Senonnes prête à aller au bal, parée comme une châsse, portant pas moins de treize bagues et quatre chaînes en or qui retiennent autant de pendentifs. La robe rouge tranche sur le sofa de soie jaune sur lequel elle est assise. Nous avons encore une fois à faire à un « monstre » ingresque, le bras droit de la dame étant totalement disproportionné : il fait ici écho au châle de cachemire qui semble avoir glissé des épaules. En y regardant bien, on devine ici l’écho de la Grande Odalisque qu’Ingres peint la même année.


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[1Il repose avec elle.


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