SAINT-NIZIER-DU-MOUCHEROTTE (38) : mémorial et nécropole

jeudi 5 février 2015
par  Philippe Landru

Le mémorial et la nécropole de Saint-Nizier-du-Moucherotte constitue un site national historique qui se situe sur le Vercors. Ce monument a été réalisé pour les résistants et quelques militaires morts lors de la guerre de 1939-1945. Il se trouve sur le même lieu des combats tenus entre le 13 et le 15 juin 1944, et conserve la mémoire de 98 résistants (dont 17 tombes « inconnues », qui peuvent recouvrir plus d’un mort). Le massif du Vercors compte deux nécropoles, une à Saint Nizier et l’autre à Vassieux en Vercors. Elles furent construite en 1947 et 1948. 187 résistants reposent à Vassieux. Comme nous allons le voir, tous ne sont pas morts sur le site en 1944, mais tous ont un lien étroit avec le soulèvement de ce plateau qui paya un lourd tribut à la guerre.

C’est ici devant l’un des plus beau panorama des Alpes à l’aplomb de Grenoble que 250 maquisards ont tenu tête aux assauts allemands le 13 juin 1944. Certes ils furent débordés le 15 juin lorsque l’ennemi revint avec plus d’un millier d’hommes.Leur résistance héroïque constitue l’une des plus belles pages de gloire de la Résistance Française.

Le contexte de l’été 1944

Le Vercors est un formidable donjon naturel dominant Grenoble, protégé de tous côtés par une muraille de 120 kilomètres. C’est une masse imposante de hautes falaises abruptes entrecoupées de rares échappées difficilement praticables et faciles à barrer. Le 6 juin 1944, l’annonce du Débarquement précipite vers le Vercors toute une jeunesse ardente, inexpérimentée et presque totalement démunie d’armes. Une semaine plus tard, un grand drapeau tricolore flotte insolemment au sommet des « Trois Pucelles », que l’on voit fort bien de Grenoble. La population y voit l’annonce de la libération et les Allemands, une provocation intolérable.

Le 10 juin, environ 160 maquisards prennent position dans Saint-Nizier. Les fermes environnantes leur fournissent le ravitaillement nécessaire. Des résistants du village, des hommes des environs, se joignent à eux. Les jours suivants, des positions de défense sont aménagées et les nouveaux arrivants sont pourvus en armes.

Au matin du 13 juin, peu avant 9 heures, environ 400 Allemands s’élancent à l’assaut de la ligne de crêtes. Objectif : Saint-Nizier et l’immense drapeau français qui les nargue. Malgré l’inexpérience des jeunes recrues et leur armement insuffisant, 400 maquisards tiennent bon et repoussent toutes les attaques. Les Allemands sont cloués sur place. A un moment, ils sont sur le point d’encercler le piton central mais une vingtaine d’anciens du 6e BCA redresse la situation. En fin d’après-midi, les Allemands refluent enfin sur leurs positions de départ. Malgré les pertes (12 tués, 6 blessés), la victoire électrise les maquisards. Cependant, les Allemands connaissent maintenant leurs forces et faiblesses et savent qu’ils sont dépourvus d’armes lourdes et d’artillerie.

L’attaque reprend le 15 à l’aube. Les positions françaises subissent les attaques de l’artillerie allemande. Puis, à 5 h 45, l’ennemi attaque par les ailes. Des armes automatiques prennent les maquisards à revers. Face à l’ennemi qui progresse de toutes parts, les combattants du Vercors mènent un combat héroïque mais sans espoir. Menacés d’encerclement, ils reçoivent l’ordre de se replier et décrochent difficilement. A 10 heures, les Allemands sont maîtres du terrain. Plusieurs blessés qui n’ont pu être emmenés sont froidement achevés. Des flammes s’élèvent bientôt de Saint-Nizier, pillé et incendié. Sur les 93 maisons du village, 11 seulement échappent au brasier. Les hameaux voisins sont brûlés les uns après les autres. Miraculeusement rescapées du désastre, seules la petite église et quelques fermes restent du vieux Saint-Nizier au sein du village, entièrement reconstruit après-guerre.

Parmi les tombes, on signalera la présence de :

- Eugène CHAVANT (1894-1969) : mécanicien de formation, militant socialiste entre les deux guerres, il fut maire de Saint-Martin-d’Hères jusqu’en 1941, avant d’entrer dans la clandestinité. Durant la Seconde Guerre mondiale, combattant de l’ombre, il participa au mouvement de résistance Franc-Tireur en 1942 sous le pseudonyme de Clément et devint ainsi le chef civil du plateau du Vercors. Le 3 juillet 19441, puis le 14 juillet 1944 il proclama même la République du Vercors. À la Libération, on lui proposa le poste de préfet qu’il refusa. Il fut fait Compagnon de la Libération. À Grenoble, il est commémoré par le nom d’une station de tramway à proximité d’un mémorial en sa mémoire et par le nom d’un cinéma multiplexe.

- Jean PRÉVOST (1901-1944) : journaliste et écrivain (on lui doit une trentaine d’ouvrages), il adhéra au Comité national des écrivains et participa à la création du journal clandestin Les étoiles à la fin de 1942. Il fut tué les armes à la main sous le nom de Capitaine Goderville (village dont son père était originaire) dans une embuscade alors qu’il quittait le maquis du Vercors.


Merci à Richard Giraud pour les photos.


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vendredi 14 février 2014

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