VALOGNES (50) : cimetière Saint-Malo
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Rapide compte-rendu de ce cimetière, visité lors d’une averse mémorable, et donc évidemment pas dans des conditions optimales !
Le site est quelconque : une pente légère, sans excès de végétation, c’est le moins que l’on puisse dire. Un cimetière très minéral donc, mais où un assez grand nombre de tombeaux anciens ont survécu.
La partie la plus ancienne rassemble encore des tombeaux ayant conservé leurs anciens enclos, bien rouillés aujourd’hui (y aurait-il de l’humidité dans le Cotentin ? Ça se saurait).
Pour l’essentiel, les personnalités de ce cimetière appartiennent au personnel politique local (députés, sénateurs...).
Curiosités
Plusieurs monuments commémoratifs, en particulier un à la mémoire des Belges tombés pendant la Première Guerre mondiale, et un pour les victimes civiles des bombardements de 1944.
Le docteur Leneveu (+1896) bénéficie sur sa stèle d’un beau médaillon en bronze par Armand Le Veel.
Célébrités : les incontournables...
Aucun
... mais aussi
Camille BLAISOT (1881-1945) : avocat de formation, député du
Calvados de 1914 à 1942, Ministre de la Santé publique et des Sports entre 1931 et 1932, puis Sous-secrétaire d’État à la Présidence du Conseil de 1935 à 1936, Il fut arrêté par la police allemande en mars 1944, dirigé sur le camp de Royallieu, près de Compiègne, puis déporté à Dachau, d’où il ne revint pas. On apprit par la suite qu’il y était mort dans des conditions inhumaines. C’est sa mémoire qui est évoqué ici sur une stèle appartenant à l’enclos funéraire familial. Une course hippique de trot monté, disputée à Vincennes, perpétue encore sa mémoire.
Plusieurs tombes appartiennent à une même famille qui fit fortune dans le beure : les BRETEL. Les frêres Eugène (1842-1933) et Adolphe (1840-1913) créèrent la société « Bretel-frères » qui devint la première beurrerie du monde. La Maison Bretel Frères se développa en rachetant des usines dans toute la Normandie, ainsi qu’en créant à Rennes, la Nouvelle beurrerie d’Ille-et-Vilaine, pour commercialiser du beurre breton.
- Tombeau d’Adolphe Bretel
- Le médaillon en bronze, daté de 1914, est signé Antonin Carlès.
L’affaire fut reprise en 1933 par leur neveu Raoul Le Doux (1875-1970). Elle comptait alors 17 usines. Une fusion eut lieu en 1960 avec l’Union laitière de Bricquebec, qui fut elle-même reprise en 1972 par la société Gloria.
La tombe de Raoul Le Doux se signale par la seule sculpture d’ampleur du cimetière, un très bel ange en pleurs en bronze, d’une finesse rare.
André CHASTAIN (1906-1962) : d’abord journaliste littéraire,
correspondant du Monde en Suisse, il abandonna le journalisme pour se consacrer à la science et au naturalisme. Il entra au CNRS et partit en mission aux îles Kerguelen dont il revint avec un ouvrage sur la végétation. Il fut également un éminent spécialiste de Barbey d’Aurevilly. Un timbre a été réalisé en 2011 à son effigie.
Pierre de CLAMORGAN (1882-1923) : avocat de formation, mais également peintre, il fut conservateur du musée Jacquemart à Paris. Il repose dans le tombeau de famille, les Clamorgan étant une vieille lignée de Valognes. Elle fut en outre la famille maternelle du cardinal Danielou.
Le général Victor LEVASSEUR (1772-1811), qui se distingua dans les batailles napoléoniennes. Il fut fait baron d’Empire. Sa tombe, un beau sarcophage, est devenu quasiment anonyme tant son identité est peu lisible. On le croirait en partie enfoui dans le sol.
Le général Jacques Félix MESLIN (1785-1872), qui se distingua à
Essling, Wagram, et durant la retraite de Russie. Licencié après la bataille de Waterloo, il fit partie de l’expédition espagnole de 1823, où il montra une grande bravoure au blocus de Saint-Sébastien. Après sa retraite, il se lança dans l’arène politique : maire de Valognes et conseiller général de Barneville, il fut élu député de Cherbourg en 1846, puis au Corps législatif entre 1852 et 1869, date à laquelle il démissionna pour entrer au Sénat impérial.
Auguste SEBIRE (1807-1895) : médecin, il fut maire de Valognes de
1848 à 1851, puis à nouveau en 1878. Ardent républicain, il fut un adversaire de l’Empire. Il devint, déjà âgé, sénateur de la Manche en 1885 et le resta jusqu’à sa mort.
Jean VILLAULT-DUCHESNOIS (1870-1944) : issu d’une famille de
magistrats, il exerça une carrière préfectorale avant de mener une carrière politique : député de la Manche de 1901 à 1927, il en fut sénateur de 1927 à 1941. Il vota les pleins pouvoirs à Pétain. Il mourut le 8 juin 1944, faisant partie des victimes du bombardement de Valognes.
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