CRAONNE (02) ancien cimetière

Visité en novembre 2011
vendredi 31 août 2012
par  Philippe Landru

En premier lieu, rétablissons la vérité telle que les locaux vous l’expliquent sur place : ce nom se prononce /krɑn/. En fait, la prononciation krɑɔn s’est développée avec la chanson de Craonne.

Cette fameuse chanson contestataire et pacifiste, née en 1917 d’un auteur inconnu mais popularisée par Paul Vaillant-Couturier, nous servira de musique de fond pour la visite (clic droit sur la souris / ouvrir dans un nouvel onglet : pour l’écouter, c’est ICI

Le village de Craonne entre dans l’histoire nationale en 1814. C’est là que Napoléon Ier remporta une de ses dernières victoires : il parvint à repousser les troupes russes et prussiennes lors de la campagne de France. Cette bataille fut particulièrement meurtrière. Il y a des lieux comme ça...

Craonne acquit une tragique notoriété lors de la Première Guerre mondiale. En 1914, après la première bataille de l’Aisne, le village fut occupé et sa population déplacée : le village se situait en effet sur la ligne de front. Avec l’offensive Nivelle, le village fut entièrement rasé au printemps 1917 par les bombardements massifs : 5 millions d’obus sont tombés sur le Chemin des Dames entre le 6 et 16 avril 1917. Les combats y furent terribles lors de cette offensive. Après l’échec de celle-ci et les pertes graves subies, des pertes de plus de 130 000 hommes en 10 jours, l’armée française dut faire face à de nombreux actes d’insoumission concernant plus de 150 unités : on parla alors de mutineries. La Chanson de Craonne associe le village à ces insoumissions et au pacifisme.

Aujourd’hui, l’ancien Craonne n’est plus qu’un souvenir. Un parcours paysager permet d’en saisir quelques restes (très symboliques) : un pan de mur ici, une tombe de l’ancienne église là...

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Ce qui reste...
... de l’église Saint-Martin (27 mètres sur 19).
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Concession à perpétuité !!!
C’est ce que mentionne l’unique débris de tombe de l’ancienne église !

Le parcours est marqué par le dénivelé causé par les trous d’obus. La végétation a repris ses droits, renvoyant au passé l’aspect lunaire des premiers temps.

Un peu en retrait du site principal, l’ancien cimetière de Craonne est finalement ce qu’il reste de plus significatif du village ! Il est vrai que quelques irréductibles tinrent à se faire inhumer auprès de leurs ancêtres, donnant lieu à quelques caveaux contemporains. Ce cimetière, ouvert en 1865, est désormais recouvert par la forêt, mais on distingue clairement quelques stèles et anciennes pierres.

C’est dans cet environnement que se trouve la tombe d’Yves GIBEAU (1916-1994). Celui qui passa une partie de sa jeunesse sous l’uniforme de 1934 à 1939, d’abord enfant de troupe aux Andelys puis à Tulle, qui fut mobilisé en 1939 et, en 1940, prisonnier de guerre, conserva de son expérience sous les drapeaux des convictions résolument pacifistes et une haine tenace de la chose militaire. Il exerça quelque temps le métier de chansonnier, devint à la Libération journaliste à Combat, puis rédacteur en chef du journal Constellation, puis passa à l’écriture. Dans son ouvrage le plus connu, Allons z’enfants..., paru en 1952, et porté en 1981 à l’écran par Yves Boisset, il revint sur son passé d’enfant de troupe en décrivant un milieu caractérisé par la bêtise et la brutalité.

Installé dans un ancien presbytère à quelques kilomètres de Craonne, ce cruciverbiste tint pendant plusieurs années et jusqu’à sa mort la rubrique mots croisés du magazine L’Express. C’est lui qui tint à être inhumé en ce lieu. Le prix Yves Gibeau, décerné par un jury composé de collégiens et lycéens volontaires, récompense une œuvre littéraire choisie parmi cinq ouvrages d’auteurs contemporains parus en édition de poche.


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