CLAIREFONTAINE-EN-YVELINES (78) : cimetière
par
Comme Valmondois, Barbizon, ou Seine-Port, Clairefontaine-en-Yvelines partage à la fois le cadre d’une commune rurale, la proximité de Paris, une tradition pavillonnaire destinée à une clientèle bourgeoisie en recherche de discrétion et un air bucolique (le cimetière est entourée par la forêt de Rambouillet). Aussi y trouve-t-on un nombre démesuré de personnalités par rapport à sa taille.
Curiosités
La seule oeuvre d’art du cimetière est une pleureuse en bas-relief sur la tombe d’un jeune engagé mort sur le front en 1915 (Le Jeaux).
Un ancien maire du village (Lefebvre) s’est fait aménagé sa sépulture de famille sous un auvent aux allures de cloître.
Dans ce cimetière se trouvent, sans que je sache pourquoi, la mère et l’épouse du professeur de Perse de l’université d’Oxford Lawrence Heyworth Mills (+1918).
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Germaine ACREMANT (1889-1986) : un coup d’essai en littérature lui
valut la notoriété : la Société des gens de lettres couronna Ces dames aux chapeaux verts (1922), satire de la vie provinciale, dont elle tira avec son mari, Albert Acremant, une comédie à succès. Maintes fois réédité, traduit en 25 langues, porté au cinéma par le réalisateur Maurice Cloche en 1937, ce roman fut suivi de beaucoup d’autres (une trentaine environ), dont la plupart se passent dans le nord de la France. Parmi les principaux : Gai ! Marions-nous !, qui obtint le Prix National de Littérature en 1927, La route mouvante (Prix Montyon 1940), Arrière-saison (1942), etc. Plusieurs d’entre eux ont également fait l’objet d’une adaptation pour le théâtre.
Pierre AUGER (1899-1983) : physicien français, fils du professeur de
chimie Victor Auger, il a travaillé en physique atomique, physique nucléaire et sur les rayons cosmiques. Professeur titulaire de la chaire de physique quantique et relativité à la faculté des sciences de l’université de Paris, il fut le premier président du CNES en 1962 et le premier directeur général du Conseil européen de recherches spatiales de 1962 à 1967. Elu membre de l’Académie des sciences en 1977, il anima une émission de vulgarisation scientifique le vendredi soir sur France Culture dans les années 1970 et 1980, intitulée Les Grandes Avenues de la science moderne. Le plus grand détecteur de rayons cosmiques, l’Observatoire Pierre Auger, porte son nom.
CARAN D’ACHE (Emmanuel Poiré : 1858-1909) : issu d’un gran-père
français installé en Russie, ce dessinateur se réinstalla en France et l adopta rapidement le pseudonyme de Caran d’Ache, directement transcrit du russe karandach, mot signifiant « crayon ». À partir de 1886, il publia ses dessins humoristiques dans la presse. Il
s’essaya également à la bande dessinée, au théâtre d’ombre ( pour le cabaret le Chat noir, il créa L’Épopée, une pièce en ombre chinoise sur le thème des guerres napoléoniennes). Antidreyfusard notoire, son dessin le plus célèbre est le raccourci qu’il fit, le 14 février 1898, dans les colonnes du Figaro, d’une querelle familiale concernant l’affaire Dreyfus pour illustrer la pronfonde division de la société française à ce sujet. À partir de 1903, il se met à créer des jouets en bois, souvent
articulés, et vendus dans les librairies. L’architecte Georges Wybo a représenté sur sa pierre tombale deux scènes de batailles et un cavalier de noble allure. Sur le devant du tombeau figurait, comme on peut le voir sur une carte postale ancienne, un médaillon portant son identité (disparu). A l’arrière, il est possible qu’un médaillon le représentant (ou un bas-relief) ait disparu. Le tombeau mériterait un bon nettoyage.
L’excentrique et aventurier baron Jean de l’ESPÉE (1898-1972), descendant de la famille de Wendel, qui fit parler de lui entre 1957 et 1963 en faisant un tour du Monde à bord de son yacht, la clé de sol, contenant un piano à queue. Il laissa un ouvrage sur son voyage (Le périple de la clé de sol).
Le comédien Henri LAMBERT (1927-2003), second-rôle du cinéma
des années 60 aux années 80. On le vit également au théâtre et à la télévision.
André LEBON (1859-1938) : après avoir débuté sa carrière dans
l’enseignement des sciences politiques, ce républicain entreprit ensuite une carrière politique qui le conduisit à être élu député des Deux Sèvres, puis ministre du Commerce et des Colonies en 1896, à l’âge de 37 ans. Il fut le premier à effectuer une visite des colonies africaines de la France. Son administration fut marqué, notamment, par des affrontements avec Savorgnan de Brazza à propos de la politique de la France au Congo. En fonction jusqu’en 1898, il entama ensuite une nouvelle et brillante carrière dans les affaires. Franc-maçon influent, il devint administrateur de plusieurs grandes sociétés capitalistes (Air France, Compagnie du canal de Suez, Crédit foncier de France, Messageries Maritimes, etc.). Avec lui repose son épouse, Zinka Paléologue (1857-1924), sœur de l’académicien français Maurice Paléologue, le dernier ambassadeur de France auprès du Tsar. Leurs identités sont gravés sur des rochers massifs, tout comme c’est le cas de leur fils, Pierre Lebon, dont la tombe se trouve un peu plus loin.
Pierre LEBON (1890-1967) : fils du précédent, il repose sous une
tombe distincte du cimetière bien qu’assez semblable (blocs rocheux). Gaulliste du RPF, il fut député des Deux-Sèvres de 1951 à 1955. Il publia plusieurs ouvrages.
Merci à Nicolas Badin pour la photo Acremant.
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