DUNKERQUE (59) : Visite insolite et anecdotes à la pelle
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Toutes les corporations ont leurs bandes dessinées : les pompiers, les infirmières, même les fossoyeurs. Ici, pas de Pierre Tombale, célèbre personnage créé par Hardy et Cauvin, mais des employés qui connaissent le cimetière comme leur « pioche ».
Visite guidée au fil des allées et des anecdotes.
Un cimetière, lieu de mémoire ? Au sens propre, comme au figuré... La mémoire de ceux qui sont partis ; la mémoire de ceux qui restent et se transmettent la petite histoire du lieu qui est aussi la grande histoire de Dunkerque. Il y a finalement de la vie dans un cimetière : « Heureusement », rétorquent deux employés, André Willems et Jean-Michel Lemaire, entre des bonjours et des sourires distribués à la pelle aux visiteurs. « Certains viennent tous les jours, explique Didier Courbet, adjoint au chef de service. Alors à force, on les connaît. » En ce moment, Toussaint oblige, le cimetière reçoit ci et là, des touches de couleur. Mais qui sait que des personnages plus ou moins célèbres sont enterrés non loin de la tombe de Mamie Agathe ? David Riefenstahl inhumé à l’entrée du cimetière : qui sait qu’il est le compositeur de la « Cantate à Jean Bart ? »
De chapelle en chapelle...
En parlant de corsaire, Gaspard Guillaume Malo, né en 1771 et mort en 1835, est le dernier Dunkerquois du genre. Son fils, Gaspard Thomas Malo a fondé Malo... les bains. La mer a d’ailleurs été une grande faucheuse : stèles, monuments, plaques commémorent des marins, des sauveteurs ou des naufragés péris en mer... La balade se poursuit. Certains monuments portent des éclats de balles, le cimetière ayant en effet été le théâtre de combat lors de la Seconde Guerre mondiale. Facile de se cacher derrière les petites chapelles... « Nous aussi, on va de chapelle en chapelle... », plaisante André en faisant référence à ces énormes monuments funéraires. Au pied du calvaire datant de 1823, les religieux sont regroupés, mais pas mélangés : les soeurs d’un côté, les prêtres de l’autre. Une stèle avec de jolies mosaïques sort du lot, c’est celle de l’Abbé Bonpain.
Non loin de là, au début d’une rangée de tombes datant du XIXe siècle, une statue est en partie cachée par des fleurs, fraîches et artificielles. « C’est une curiosité, note Didier Courbet. Elle est constamment fleurie... » La défunte, Eugénie Augustine Vandercolme, docteur en médecine, est pourtant morte depuis... 158 ans !
L’ombre de Manoot’je
En plein coeur du cimetière se dressait l’un des plus grands monuments du site. Il a été démonté, car devenu trop dangereux pour les promeneurs. Sa particularité ? On l’appelle la « tombe de Manoot’je. » Non pas que la vieille marchande de poissons y soit enterrée, mais elle avait - dit-on - l’habitude d’y traîner sa jambe de bois..., explique Philippe Heulle, chef de service. Cette tombe, c’est en fait celle de Virginie Antoinette Vantortelboom, une blanchisseuse. Autre clin d’oeil à Manoot’je, des chats - nourris par des visiteurs bien que ce soit interdit - y ont élu domicile... Resterait-il dans le coin une odeur de poissons ?
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