cimetière de CHARONNE
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Ce petit cimetière de 41 ares est vite parcouru. Il est connu pour être, avec celui de Saint-Pierre de Montmartre, l’un des rares enclos paroissiaux encore blotti contre son église. Pourtant, malgré son allure champêtre, il ressemble à tous les autres : les vieilles tombes ont toutes disparues au profit de dalles modernes sans grand attrait.
- Le cimetière vers 1900 - Atget
Agrandi par étapes successives (1830, 1844, 1858), il fut fermé en 1860 après l’annexion de Charonne à Paris, puis fut réouvert.
Aujourd’hui, ce petit cimetière sommeille. La proximité du Père-Lachaise sert sa tranquilité. Quelques bancs accueillent des habitants du quartier en quête d’un peu de chlorophylle. En raison de la présence de plusieurs personnalités liées à la collaboration, il est également régulièrement un lieu de recueillement pour les négationnistes et l’extrême-droite française.
Curiosités
à la gauche de l’entrée, près de la conservation, la cloche qui porte le nom du cimetière.
contre la paroi de l’église, les tombe de plusieurs curés de Charonne forment un ensemble harmonieux.
quelques tombes de l’ancien cimetière ont survécu, telle celle de la famille Papier ornée de trois mains sculptées et entralacées, celle d’un maréchal de camp (Duchastel de la Martinière), d’un confiseur de la duchesse de Berry (François Pomerel)...
la tombe de Josette Clotis et des deux enfants qu’elle eut d’André Malraux.
le long du mur de la conservation reposent des fédérés ramenés ici en 1897.
Une tombe conserve le souvenir d’un drame ancien, celle de Charlotte Jamotte, dont l’épitaphe dit : « À Trévillers (Doubs), le 10 septembre 1925 Mademoiselle Charlotte Jamotte Institutrice de la Ville de Paris née à Parisle 5 janvier 1905, périt dans la gaîté d’une excursion retour de Suisse, l’autocamion transportant la colonie scolaire en vacances à Vermondans (Doubs) heurta violemment un arbre de la route. La surveillante au service de l’association des instituteurs fut tuée parmi les enfants qui l’aimaient ».
Célébrités : les incontournables...
Maurice BARDÈCHE
Pierre BLANCHAR
Robert BRASILLACH
Paul MARION
Emmanuelle RIVA
... mais aussi
Henri BAÜER (1851-1915) : cet écrivain, journaliste et critique dramatique
aurait probablement été le fils naturel d’Alexandre Dumas fils. Déporté en Nouvelle Calédonie pour sa participation à la Commune. Il y rencontra Louise Michel avec laquelle il se lia d’amitié. Rentré en France à la faveur de la loi d’amnistie de 1880, il devint critique à l’Echo de Paris dans lequel il défendit les avant-gardistes (dont Debussy, Jarry ou Rostand).
Gérard BAÜER (1888-1967) : fils du précédent, il fut également chroniqueur au Figaro sous le nom de Guermantes et fit paraître des ouvrages (Il faut parler le premier). A partir de 1948, il siégea à l’Académie Goncourt.
- Tombe de Henri et Gérard Bauer.
René BERNASCONI (1916-2006), qui fut président de la Chambre syndicale nationale du commerce et de la réparation automobile (CSNCRA), puis président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME).
Bernard GANACHAUD (1930-2015), qui fut un des rénovateurs français de la boulangerie traditionnelle. La famille possède plusieurs boulangeries dans l’Est parisien et en banlieue.
le père MAGLOIRE (François Bègue : 1750-1837) : beaucoup de choses ont été dites sur ce personnage excentrique : il aurait été le secrétaire de Robespierre, aurait échappé in-extremis au 9 thermidor, aurait créé une rose qui porte son nom... Il semblerait en fait qu’il ait été un rebouteux ayant fait fortune. Il acheta son emplacement en 1833 et fit édifier ce monument avec du matériel de récupération. Son inhumation fut joyeuse, comme en témoigne ce poème valant épitaphe retranscrit dans l’ouvrage d’Hillairet : « Il nous faut chanter à la gloire / De Bègue François-Eloy / Ami rare et sincère / Fit mention dans son testament / Qu’il fut enterré en chantant. / Pour le fêter en bon vivant / Il nous laissa chacun cinq francs / En vrais disciples de Grégoire / Versons du vin et puis trinquons / buvons ensemble à sa mémoire ; / C’est en l’honneur de son trépas / Qu’il a commandé ce repas ». On raconte que cet ivrogne au grand coeur aurait été inhumé avec une bouteille. Il est évidemment un élément puissant de la culture populaire du « village de Charonne ».
On ne risque pas de ne pas voir sa tombe : une statue en bronze représentant, grandeur nature, un vieillard coiffé d’un tricorne et habillé à la mode XVIIIe siècle. Sur le socle, une inscription indique « Yci repose / Bègue dit Magloire / Peintre en bâtiments / Patriote, poète, / Philosophe et secrétaire / de Monsieur / de Robespierre / 1793 » (elle a été récemment redorée).
Daniel MILHAUD (1930-2014) : fils du compositeur Darius Milhaud, il fut peintre, sculpteur et céramiste et repose sous l’une de ses oeuvres, qui interroge le promeneur.
L’infirmière Marie de MIRIBEL (1872-1959), qui frappée par la misère du quartier de Charonne, devint la fondatrice de l’œuvre de la Croix Saint-Simon (fondation d’œuvres sociales et hospitalières). Outre une place dans le quartier, son nom fut donné à une station du tramway parisien.
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