DASTÉ Jean (1904-1994)

cimetière de L’Horme (42)

vendredi 13 mai 2011
par Philippe Landru

Acteur et metteur en scène, Jean Dasté fut un peu le pivot et le fil conducteur de trois générations qui ébranlèrent et continuent de révolutionner la tradition théâtrale française. Disciple et gendre de Jacques Copeau, il réalisa, à force de courage, de ténacité et de talent, le vieux rêve de son maître : quitter Paris, ses habitudes et son conformisme, ses modes et ses anticonformismes, pour redonner vie à ce « désert culturel » qu’était devenue la province. Pionnier de la décentralisation dramatique, Dasté entreprit, dès la Libération, de constituer une troupe à Grenoble puis à Saint-Étienne où il arriva en 1947.

Jean Dasté débuta en 1919 au théâtre du Châtelet. En 1922, il entra à l’Ecole dramatique du Vieux-Colombier et suivit donc Jacques Copeau lors de son installation en Bourgogne avec la troupe des Copiaux. Lors de sa dissolution, il revint à Paris et monta avec les anciens Copiaux la troupe des Quinze-Vingt. Au bout de deux ans, l’aventure se termina. S’ensuivit une période de crise dont Jean Vigo vint le délivrer en lui offrant son premier rôle au cinéma.

Artiste de théâtre avant tout, Jean Dasté a volontairement fixé des limites à sa carrière cinématographique. Il symbolisa néanmoins cinquante ans de cinéma d’auteur français. Il interprèta de préférence des personnages discrets et sobres, pratiquement muet de bout en bout, généreux et bienveillants (surveillant de collège dans Zéro de conduite de Vigo, étudiant rêveur dans Boudu sauvé des eaux dans Renoir, marinier jeune marié dans L’Atalante, toujours de Vigo...).

Il repose dans le caveau de famille de sa dernière épouse.