GRANVILLE (50) : le « Père-Lachaise granvillais » dévoile ses mystères insolites

Article de La Manche libre - 28 mai 2010
samedi 17 juillet 2010
par  Philippe Landru

Entre Donville et Granville, le cimetière marin de Notre-Dame est balayé par les vents dominants. Dans ce haut lieu de la mémoire, les affres du temps corrodent parfois les chapelles et dégradent les vieux caveaux.

En écoutant Catherine De Vos, présidente de Vie et Mémoires du Vieux Granville, il serait même urgent d’agir pour ralentir la dégradation inexorable des tombes et autres monuments. « C’est un peu le but que nous nous sommes fixés au sein de notre association, »confie-t-elle.
Commençant la visite par la sépulture du Dr Cambernon, elle peste contre son état. « J’en ai mal au coeur, »dit-elle. « Il était un saint homme. Après avoir travaillé à Paris avec le célèbre Dupuytren, il était revenu à Granville pour soigner les pauvres. »Non loin, elle s’arrête devant la dernière demeure de M Toupet, le banquier des armateurs. « Là encore, il serait souhaitable de faire quelque chose au plus vite. »

Le constat est le même pour le pauvre Héneux. Architecte de l’église Saint-Paul, son dernier « abri » souffre autant... que son oeuvre architecturale. « Comme beaucoup le constatent, il faut entamer une campagne de restauration, »demande-t-elle. « C’est une question de respect pour l’art funéraire. »Mais avant tout, elle et ses amis envisagent de faire découvrir les richesses de la nécropole, lors de prochaines visites guidées. « Une dizaine de tombes est prévue à notre programme, »précise-t-elle.

À l’image des visites du célèbre cimetière parisien du Père Lachaise, les promeneurs s’inclineront devant les célébrités locales : l’armateur Beust-Radiguet, le général Théologue, Marie-Elisabeth du Camp de Rosamel, femme du contre amiral Epron de la Horie... En chemin, ils auront une pensée émue pour un certain Hefler-Louiche, le « parfumeur » de Christian Dior ou encore pour le comte d’Anterroches, descendant du vicomte du même nom qui déclara lors d’une célèbre bataille : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers. »

Outre la tombe de Jules Fontaine, premier sous-marinier tué en 1910 en mission, les membres de l’association présenteront également la chapelle de la famille Riotteau, avec ses coeurs brisés par des glaives et des couronnes d’épines. Ils n’oublieront pas non plus l’ancre marine de la tombe de Beust-Radiguet et la « chouette » de la famille Lamort. Des petits secrets à découvrir qui ne doivent pas éclipser le recueillement devant les demeures des marins disparus en mer et devant celles des soldats belges de la Première Guerre mondiale, morts à l’hôpital de Granville des suites de leurs blessures au front.


Notre-Dame, le « Père Lachaise » granvillais


Article de OuestFrance du 01 novembre 2012

L’histoire locale se lit aussi sur les tombes. A Granville, c’est au cimetière Notre-Dame que reposent les plus illustres défunts. En ce jour de Toussaint, visite guidée avec le gardien des lieux.

Chaque allée du cimetière Notre-Dame est une immersion dans l’histoire locale. « Le cimetière a une vie. C’est la mémoire de Granville », plaide William Genty. Gardien des trois nécropoles de la ville (Saint-Nicolas, Saint-Paul et Notre-Dame) depuis 32 ans, il connaît les lieux comme sa poche. « Notre-Dame abrite le plus grand nombre de personnalités d’exception. Il surplombe la mer et offre une vue imprenable sur Chausey. Tout le monde voulait s’y faire enterrer.  »

Des hommes de mer

Sur les tombes usées par le temps, figurent des noms d’armateurs, de capitaines de vaisseau ou encore de corsaires. On note par exemple deux majors généraux de la Marine à Cherbourg, François Ponee (1775-1863) et Léonor-Julien de Péronne (1787-1849) ; les armateurs Jacques (1817-1850) et Jacques-Louis (1774-1846) Malicorne ; Alphonse Quesnel (1868-1914), le patron du canot de sauvetage de 1894 jusqu’à sa disparition en mer en 1914... Le dernier armateur granvillais Rémy-François Chuinard (1883-1939) a bien sûr sa place ainsi que des familles entières de marins.

Militaires et héros de la Résistance

« Nous avons une figure de la Résistance », fait remarquer William Genty. Professeur de l’Ecole supérieure de Granville, Maurice Marland (1888-1944) fut fusillé par les Allemands dans les bois de la Lucerne le 23 juillet 1944. Il repose à proximité du commandant Aubert (1838-1899), héros des combats des « dernières cartouches » à Bazeilles le 2 septembre 1870 et du carré dédié aux 90 militaires français et 13 belges de la guerre 1914-18 et aux soldats morts pour la France en 1939-45.

Notables et artistes marquants

Ce musée à ciel ouvert abrite plusieurs maires : François Vallée (1787-1865), Gilles Mequin-Jonville (1757-1832) qui a d’ailleurs donné son nom au Cour Jonville ; Émile Riotteau (1868-1956) ; Adrien Letourneur (1846-1911).

D’autres grands noms qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de la ville sont gravés : le chirurgien Félix-François de Cambernon (1813-1880), l’ancien curé de Longueville Paul-Emile Boileau (1828-1880) ou Gratien Fougeray du Coudray (1810-1876), receveur de l’enregistrement, qui a fait construire le numéro 3 du Cour Jonville où son fils Raoul, peintre et historien, a installé son atelier. Il y a aussi Paul-Edouard Heneux (1844- ?), l’architecte des plans de l’église Saint-Paul.

La vue sur la mer a séduit aussi quelques artistes comme André Lecomte (1907-1982) et Richard Anacréon (1907-1992) à l’origine de la création du musée du même nom ou Pierre Brette (1905-1961), l’aquarelliste qui a légué une partie de ses oeuvres à la ville.

Des familles illustres

D’anciennes grandes familles granvillaises ont choisi Notre-Dame pour leur dernier repos : les Hugon-Latour et Daguenet (corsaire, armateurs, commandant de terre-neuve et maires de la ville) ou les Le Campion, dont Jacques (1767-1843), maire à deux reprises, et François Theroulde (1806-1871). Tous deux fondèrent la Compagnie générale maritime en 1835, ancêtre de la Compagnie générale transatlantique. Les célèbres intellectuels Julliot de la Morandière dont Charles, le fondateur de la Société d’archéologie et d’histoire Granville-Avranches y sont inhumés aussi, ainsi que la famille de Paul Poirier (1853-1907), chirurgien agrégé de Paris et fondateur de la maternité de Granville.


Commentaires

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GRANVILLE (50) : le « Père-Lachaise granvillais » dévoile ses mystères insolites
mardi 5 janvier 2016 à 14h49 - par  EKIZIAN-DESSIS

Bonjour,
Je souhaiterais savoir si Madeleine Dior est enterrée dans le cimetière de Granville.
Merci de votre aide.
Cordialement. Fabienne Ekizian-Dessis

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mardi 11 juillet 2017 à 14h38 - par  Didier DUCASTEL

Marie, Madeleine, Juliette MARTIN
épouse DIOR

Née le 3 janvier 1879 au n° 52 rue Saint Michel à Angers (Maine et Loire)

Mariée le 8 août 1898 à Angers (Maine-et-Loire) avec
Alexandre, Louis, Maurice DIOR

Avec ce dernier, elle a 5 enfants :
Raymond, Christian, Jacqueline, Bernard, et Catherine.

Elle possède un teint diaphane avec une chevelure auburn.

Sans profession, cependant,
en 1906, elle persuade son mari d’acheter la villa de style anglo-normand « Les Rhumbs »,
située à Granville, sur la falaise dominant la mer.
Durant deux années, elle supervise les travaux de rénovation
intérieure et extérieure de la propriété :
Madeleine ouvre une large baie sur la façade de la villa donnant vers la mer.
Elle fait modifier le terrain pour l’aménager en parc à l’anglaise, et fait planter de jeunes arbres.
Dans le prolongement de la pergola, elle ajoute une roseraie, abritée des vents marins par le mur longeant le sentier des douaniers, au bord de la falaise.

Ses lieux de résidence entre 1898 et 1931 correspondent à ceux mentionnés pour son époux.

Un mois après une opération d’un fibrome,
elle décède d’une septicémie le 4 mai 1931
dans la clinique Sainte-Marie, 2 rue Jacques Kablé à
Nogent sur Marne (Val de Marne).
Cette petite maison de santé privée employant cinq personnes,
appartenait à un chirurgien,
le Docteur Alexandre Gentil (1878 - 1949), demeurant à Paris,
ami proche du Docteur Louis-Ferdinand Céline.
C’était une clinique spécialisée dans le traitement de la thyroïde.
Elle a été détruite et remplacée par une école.

Madeleine est inhumée ensuite dans l’intimité familiale
au cimetière Saint-Paul de Granville (et non au cimetière marin Notre-Dame, qui jouxte la Villa Les Rhumbs).
Ce fut une cérémonie civile, car elle n’a pas été présidée par le clergé granvillais.
Elle repose dans le caveau de la chapelle DIOR, située dans le carré n° 2,
avec Alexandre, son beau-père et grand-père de Christian,
ainsi que 12 autres membres
ou personnes rattachées à la famille.

Site web : Didier DUCASTEL
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lundi 22 février 2016 à 17h33 - par  De Vos

Madeleine Dior, épouse Lanos est enterrée au cimetière de la Haye Pesnel auprès de son mari, le docteur Lanos. La tombe Dior qui est au cimetière marin de Granville abrite son père, Louis Dior, son frère et ses deux autres sœurs.

Catherine De Vos, présidente de Vie et Mémoires du Vieux Granville

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mardi 5 janvier 2016 à 19h10 - par  Philippe Landru

@Fabienne Ekizian-Dessis : dans tous les cas, son identité n’est pas portée à Callian, ni dans le tombeau de son époux (qui est également celui de son fils Christian), ni dans le tombeau contiguë de sa fille Catherine, ce qui semble exclure un transfert postérieur (l’arrivée de la famille Dior à Callian étant postérieur à la mort de Madeleine en 1931).

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