SANSON famille
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On lit souvent que dans le tombeau familial de la famille Sanson reposent Charles-Henri (1739-1806), qui décapita l’ensemble des ténors de la Révolution ainsi que Louis XVI, et son fils Henri (1767-1840), qui reprit la charge d’exécuteur des Hautes Oeuvres et qui fut le bourreau de Marie-Antoinette.
Cette présentation est peu convaincante. En outre, elle ne permet pas de savoir exactement qui est dans la tombe.
La famille Sanson compte, de 1688 à 1847, sept générations d’exécuteurs (comme l’indique d’ailleurs le titre des Mémoires du dernier d’entre eux). Tous, à leur manière, ont marqué l’histoire du fait de la notoriété de leurs « victimes »
On commence à avoir une trace de leur inhumation à partir de Charles II Sanson (1681-1726), bourreau de 1699 à sa mort, qui fut l’exécuteur de Cartouche en 1721 : Charles reçut sépulture sous le banc-d’œuvre de l’église Saint-Laurent de Paris, comme il en avait le privilège.
On ne sait pas où fut inhumé Charles Jean-Baptiste (1719-1788), fils du précédent, qui officia à partir de 1739 : le fut-il au même endroit que son fils ? Il ne repose évidemment pas au cimetière Montmartre qui n’existait pas encore.
Son fils, Charles-Henri (1739-1806), fut le plus connu de tous puisqu’il officia durant la Révolution, et qu’il fut celui qui utilisa pour la première fois la guillotine. Néanmoins, il est faux de dire qu’il n’exécuta que Louis XVI puisque toutes les figures de la Révolution passèrent sous son couperet. De plus, il est malaisé de donner une date précise des débuts de son successeur puisque ce dernier assista son père dans un grand nombre d’exécutions à la fin du XVIIIe siècle.
Enfin, repose-t-il ici, ou cette tombe n’est-elle qu’un cénotaphe ? Il mourut en 1806, date pour laquelle les connaissances sur le cimetière Montmartre sont lacunaires (on ne sait pas exactement quand le champs de repos, ouvert en 1798, ferma ses portes pour rouvrir en 1825). Dans tous les cas, la stèle des Sanson indique sa présence [1].
Octobre 2012 : un rebondissement que je n’attendais pas ! En feuilletant des vieux Miroirs de l’Histoire avant de les jeter à la poubelle, je tombe sur un courrier des lecteurs du n°169 de janvier 1964 (!) qui apporte des compléments sur la question : « [Charles-Henri] mourut le 4 juillet 1806. Un service funèbre fut célébré en l’église Saint-Laurent et le corps inhumé dans un caveau provisoire au cimetière du Nord (actuellement cimetière Montmartre). Le 24 février 1829, Henri acheta une concession de terrain à perpétuité pour son père, son propre fils et lui-même ». Ce complément est très intéressant dans la mesure où il donne la date d’achat, bien plus cohérente qu’une tombe acquise en 1806, et qu’il souligne l’existence d’un « tombeau provisoire ». Miroirs de l’Histoire n’était pas une grande revue, mais elle est ici pour le coup fort intéressante.
Ce même fils, Henri (1767-1840), prit progressivement la place de son père à partir de 1795. Contrairement à ce qu’on peut lire souvent, ce n’est donc pas lui qui décapita Marie-Antoinette mais bien son père. Parmi les « victimes » célèbres de Henri, on compte Fouquier-Tinville, Joseph Lesurques (l’innocent de l’affaire du courrier de Lyon), les quatre sergents de la Rochelle ou encore Louvel, l’assassin du duc de Berry. Henri Sanson fut inhumé dans cette concession.
Y repose également Henri-Clément (1799-1889), qui exécuta peu de 1830 à 1847 et dont la victime la plus fameuse demeure l’assassin Lacenaire. On sait qu’il perdit son emploi en ayant misé sur gages la guillotine, que l’Etat dut racheter pour couvrir ses dettes de jeu. Ce fut lui qui rédigea les Mémoires de sa famille à partir des archives de ses ancêtres.
[1] Je ne suis pas le seul à me poser la question, qui se posait dès 1903 : http://fr.scribd.com/doc/100745981/La-Sepulture-des-Sanson-au-cimetiere-Montmartre
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