LORIENT (56) : cimetière de Carnel

Visité en janvier 2010
jeudi 7 janvier 2010
par  Philippe Landru

Le village de Kernel ou Karnel fut intégré à la ville de Lorient en 1738. Après la Révolution, le cimetière de Carnel devient le cimetière de Lorient : c’est donc un vieux cimetière puisqu’il fut inauguré en 1786.

Du cimetière, la vue porte sur les chantiers du port de Lorient : la nécropole témoigne du passé industrieux et portuaire de la ville, et nombreuses sont les tombes et chapelles appartenant à des armateurs, des capitaines aux longs-cours, des officiers maritimes, des ingénieurs des Ponts et Chaussées ayant travaillé pour les besoins de la marine, ou plus humblement des victimes de la mer.

Au centre du cimetière, quelques divisions plus anciennes se signalent par des chapelles riches en ornements datant de la première moitié du XIXe siècle (cette partie se concentre sur les 28ème et 29ème divisions).

Curiosités

- Le gisant de l’aumonier de l’hôpital Vincent Pouays (mort en 1856).

- La sépulture de Charles Dubois, ornée de deux médaillons.

- Deux tombes mitoyennes d’ecclésiastiques, ornées de’un buste et d’un bas-relief en bronze.

- Une statuaire peu importante, mais une richesse d’ornementation de détails assez conséquente.

Célébrités : les incontournables...

Aucun

... mais aussi

- Louis BODELIO (1799-1887) : médecin et philanthrope, il se dépensa sans compter pendant les épidémies de choléra, ce qui lui valut la reconnaissance de la population lorientaise. Il mourut dans l’indigence, laissant le souvenir très vif du « médecin des pauvres ». Après son décès, on fit construire un monument funéraire au cimetière de Carnel par souscription publique : il est orné de son médaillon en marbre. Son nom fut donné au grand centre hospitalier de la ville.

- Auguste BRIZEUX (1803-1858) : poète romantique breton, appelé « le

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prince des bardes bretons », il débuta dès 1825 la rédaction de son poème le plus connu, Marie, fort bien accueilli par Sainte-Beuve, où il décrit son amour malheureux pour une paysanne aimée en silence. Parallèlement, il rapporta, d’un voyage d’Italie, une traduction de la Divine Comédie. En 1841, il publia la Fleur d’or où il affirme son allégeance à sa patrie. Ce livre est suivi de ce que l’on considère son chef-d’oeuvre, Les Bretons. Entre 1845 et l’année de sa mort, il ne cessa d’écrire, de publier de nouvelles versions de ses oeuvres, de collaborer à diverses revues et de voyager. Il mourut de la tuberculose.

Le médaillon est en marbre qui orne sa tombe est d’Antoine Etex. Sur cette même sépulture, on peut lire l’inscription suivante en breton : Brizeux, Barz biéo melen, aman a zo beziet Hennez, a wir galon, garé er vretoned, ce qui signifie : Brizeux, barde aux blonds cheveux est ici inhumé / celui là, d’un vrai coeur aima les bretons.

- Jean-Baptiste CHAIGNEAU (1769-1832) : officier de marine natif de Lorient, il joua un rôle majeur dans une fabuleuse épopée : il passa près de trente ans au service du roi de Cochinchine, devenu l’empereur d’Annam, qui après avoir reconquit le trône de ses aïeux et réunifier le Dai Viet - devenu le Viêt Nam en 1804 - dans les limites qui sont encore les siennes aujourd’hui, du Cambodge à la Chine, le fit général de l’armée du nord, marquis de Thang-Duc et grand mandarin. A la mort de l’empereur, les relations se dégradèrent avec son fils et il fut contraint de revenir en France. Il repose dans ce cimetière tout comme Philippe VANNIER (1762-1842), qui connut un sort en tout point semblable.

- Louis-Aimé COSMAO DUMANOIR (1783 - 1864) : amiral français, il participa à la guerre contre l’Angleterre durant le Premier empire (il était à Trafalgar), il totalisa plus de cinquante ans de service auprès des différents régimes politiques. Commandant de la marine lors de l’expédition d’Alger en 1830, préfet maritime de Lorient en 1847, il fut relevé de ses fonctions suite à la révolution de 1848. En 1828, il accueillit à son bord le savant égyptologue Jean-François Champollion et son équipe d’« explorateurs », qu’il conduisit en Egypte.

- L’architecte René Paul DESBOIS (1905-1987).

- Madeleine DESROSEAUX (1873-1939) : poétesse et romancière bretonne, elle fonda avec son époux André DEGOUL (1870-1946), qui repose avec elle, le Clocher breton, revue littéraire bilingue qui parut jusqu’en 1915. Autour d’eux se regroupèrent de nombreux artistes et intellectuels bretons tels que Loeiz Herrieu, Anatole Le Braz, Théodore Botrel, Alphonse de Chateaubriant, Charles Le Goffic ou Jean-Pierre Calloc’h.

- Pierre Joseph Louis FATOU (1878-1929) : mathématicien et astronome français, il travailla à l’Observatoire de Paris. Il a donné son nom à un théorème.

- Le Compagnon de la Libération André « Brozen » FAVEREAU (1907- 1989). Il entra dans la Résistance dès octobre 1940. Dirigeant plusieurs usines de moteurs et de machines agricoles, il pouvait voyager d’une zone à l’autre, ce qui facilita son action de renseignement. Il monta des groupes de résistance en Normandie (Dieppe, Rouen) et en Bretagne (Douarnenez, Quimperlé) et organisa des transports de parachutistes depuis Lille et Dieppe jusqu’à Paris. En 1945, il fut directeur de cabinet de Henri Frenay, ministre des Prisonniers de guerre, Déportés et Réfugiés du Gouvernement provisoire avant de devenir, en 1946, Gouverneur de Rhénanie-Palatinat. Directeur de l’UNRA -qui a en charge les réfugiés palestiniens- à Beyrouth à partir de 1954, il fut ensuite consul ambassadeur en Birmanie en 1961, puis Ambassadeur de France en Australie (1967).

- Auguste FEBVRIER de POLIGNY des POINTES (1796-1855) : contre-amiral français, natif de Martinique, il commandait la division navale d’Océanie et des côtes occidentales d’Amérique en 1852 : ce fut lui qui prit officiellement possession de la Nouvelle-Calédonie au nom de la France, le 24 septembre 1853. Il mourut en mer, au large du Pérou, mais sa dépuille fut rapportée ici.

- Charles GUILLAIN (1808-1875) : contre-amiral français, il fut nommé en 1862 Gouverneur de Nouvelle Calédonie par Napoléon III. Il organisa la transportation, la colonisation pénale, la colonisation libre, créa l’administration, organisa l’économie et conduisit une politique indigène. Saint-simonien, il préconisa au nom du progrès, de la justice et de la paix sociale, un partage des richesses dégagées par le travail de tous. Guillain souhaitait un métissage des populations qui formerait une nouvelle humanité, assimilée à la famille universelle. Ainsi mit-il en place un phalanstère à Yaté où l’on vivrait en autarcie, en collectivité, où l’on partagerait tout. L’expérimentation se solda par un échec au bout de 2 ans. Sa tombe est ornée d’un très beau bas-relief le représentant et d’une ancre de marine.

- Ernest HELLO (1828-1885) : écrivain mystique, apologiste chrétien, outre ses traductions qui ont fait connaître en France les mystiques rhénans, ses œuvres ont été expurgées de certains passages qui choquaient le public catholique de l’époque.

- René KERVILER (René Pocard du Cosquer de Kerviler : 18421907) : ingénieur au port de Saint-Nazaire, il fut également un homme de lettres et historien local qui laissa de nombreuses publications.

- Jean LE COUTALLER (1905-1960) : député SFIO du Morbihan de 1945 à 1956, maire de Lorient de 1953 à 1959, il fut de 1956 à 1957 Sous-secrétaire d’État aux Anciens Combattants dans le gouvernement Guy Mollet. Sa tombe est ornée d’un médaillon en bronze.

- Le peintre François LORGEOUX (1832-1895).

- Eugène MANCEL (1789-1875) : président du Tribunal de Commerce de Lorient, puis sous-préfet de Lorient, il fut ensuite préfet de plusieurs départements (Orne, Oise...). Il fut révoqué à la révolution de 1848.

- Emile MARCESCHE (1868-1939) : originaire d’anjou, il exerça ses activités industrielles à lorient dès 1901 dans des domaines multiples (armement, pêcheries, cidrerie...). C’est en 1918 qu’il fonda la Caisse de Compensation d’allocations Familiales de la région lorientaise, qui fut la pre-mière en France. Ce système fut ensuite adopté par la plupart des caisses semblables qui se créèrent en France de 1919 à 1932 à l’attention des familles ouvrières avec enfants.

- Louis NAIL (1864-1920) : avocat, il mena une carrière politique qui le conduisit d’abord au Conseil général du Morbihan en 1898, puis à la mairie de Lorient de 1904 à 1912. Il fut élu député de 1910 à sa mort. Il fut en outre sous-secrétaire d’Etat à la marine marchande puis Garde des Sceaux de 1917 à 1920.

- L’aviateur Marc POURPE (1887-1914), qui était le fils de Liane de Pougy, et qui se tua en vol durant la guerre, fut inhumé dans ce cimetière.

- Paul TESTE (1892-1925) : officier de marine français de l’aviation maritime, il consacra la majeure partie de sa carrière à la promotion de l’aviation navale. Premier pilote français à s’être posé sur un porte-avions, il a donné son nom au transport d’hydravions Commandant Teste. Alors qu’il effectuait des essais de mise au point avant un raid préliminaire qui devait le mener de Paris à Karachi sans escale, le monomoteur s’écrasa au décollage à Villacoublay. Gravement brûlé, Paul Teste décéda le lendemain.


Sources : photo de la tombe Cosmao Dumanoir sur le site familial

Merci à Didier Troonbeeckx‎ pour la photo Pourpe.


Commentaires

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LORIENT (56) : cimetière de Carnel
jeudi 11 novembre 2010 à 19h32 - par  Luke Gray.

« Deux tombes mitoyennes d’ecclésiastiques, ornées de’un buste et d’un bas-relief en bronze. »
Il s’agit des tombes de deux curés de la paroisse Saint-Louis de Lorient, Joseph Charil et Jean Rivalain, morts respectivement en 1849 et 1881.

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