SÈTE (34) : cimetière Le Py
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Si le cimetière marin perché sur le Mont-Saint-Clair, écrasé de soleil, domine la Méditerranée et la ville de Sète, le cimetière du Py est tourné vers l’Etang de Thau, les pieds presque dans l’eau ! Consacré officiellement à Saint-Lazare dès son ouverture en 1877, il est plus connu sous l’appellation du « Py », du nom du lieu-dit du XVIIIe siècle « Le mas del Py », ancienne métairie. Les Sétois lui donnèrent le nom de cimetière des pauvres, voire de « Ramassis », car n’y étaient inhumées à l’origine que des corps ensevelis en fosses communes. L’endroit n’est en réalité pas si famélique que son nom semble vouloir le dire. Depuis 1981, et l’inhumation de Brassens, il attire même une foule considérable : parions que Paul Valéry, de moins en moins lu, se voit ravir progressivement la notoriété funéraire de Sète.
Si vous avez un peu de temps, et pas l’âme consumériste propre à l’époque qui se contenterait d’une visite sur la tombe du guitariste moustachu, cet article vous offre l’occasion d’allez voir les tombes des autres personnalités du lieu.
Curiosités
( Les numéros qui suivent chaque tombe renvoient à ce plan, afin de les localiser).
Célébrités : les incontournables...
Georges BRASSENS, bien entendu (N°13)
... mais aussi
Le maire de Sète de 1945 à 1973 Pierre ARRAUT (1910-1983), qui fut également député communiste de la circonscription.
Le comédien Lucien BARJON (Lucien Bargeon : 1916-2000), que l’on vit à la fois au théâtre, au cinéma (Heureux qui comme Ulysse, la Merveilleuse visite), mais également à la télévision où il interpréta un grand nombre de feuilletons et de séries. Sur sa tombe figurent plusieurs poèmes de Paul Valéry. (Attention : le plan du cimetière l’indique dans la division 22, à l’emplacement n°3. Il repose en réalité dans la section 9, la même que Brassens et Mac Kac).
Le footballeur yougoslave Yvan BECK (Ivan Bek : 1909-1963), milieu de terrain qui compta cinq sélections en équipe de France A de 1935 à 1937. Il remporta avec le FC Sète la Coupe de France en 1930 et le doublé Coupe / Championnat en 1934 (N°4).
Le résistant Amilcar CALVETTI (1914-1967), chef de maquis qui donna son nom à l’une des rues de Sète.
Le directeur adjoint de la police judiciaire Honoré GEVAUDAN (1920-1999), qui recueillit les aveux d’Albert Spaggiari, considéré comme le cerveau du « casse du siècle » en 1976 (N°2).
Le politicien Cerf LURIE (1897-1987), qui fut député de l’Hérault de 1958 à 1962.
MAC KAC (Baptiste Reilles : 1920-1987) : batteur de jazz issu d’une famille gitane d’origine catalane, il accompagna de nombreux artistes dans les années 50 (Henri Savador, Moustache, Sacha Distel...), dans la mouvance des clubs de Saint-Germain des Prés. Il enregistra en 1956 en tant que chanteur plusieurs morceaux de rock’n’roll en français pour la firme Versailles, et fut donc l’un des pionniers du rock (il serait d’ailleurs le premier à avoir prononcé le terme rock en roll sur un disque en France). Jouant régulièrement au Club Saint-Germain à Paris, il en devint le directeur artistique. Sa tombe (concession Artaud) est très proche de celle de Brassens (N°12).
Le champion de natation Alfred NAKACHE (1915-1983), originaire d’Algérie, qui fut détenteurs de plusieurs records dans les années 30. Juif, il fut contraint avec sa famille de rejoindre la zone libre et s’installa à Toulouse : en 1942, il remporta encore cinq titres de champion de France au 200 m brasse, relais 4 x 200 m nage libre, et aux 100 m, 200 m, 400 m nage libre ! Interdit par antisémitisme de bassin lors des championnats de France de Toulouse en 1942, il fut arrêté puis déporté à Drancy, puis à Auschwitz, d’où il revint en 1945. Il retrouva le haut niveau et participa aux Jeux olympiques d’été de 1948 à Londres. Il mourut accidentellement alors qu’il nageait dans le port de Cerbère, effectuant son kilomètre quotidien de natation. Sur sa tombe apparaîssent les noms de sa première épouse et de sa fille disparus dans les camps. (N°10).
L’instituteur Lucien SALETTE (1879-1937), qui fut député socialiste de l’Hérault de 1930 à 1937. Il multiplia propositions de loi et interventions sur des sujets qui lui tenaient personnellement à coeur, comme le sort des pensionnés de guerre (il était rentré mutilé de la guerre), ainsi que sur les problèmes qui intéressaient directement la région qu’il représentait : la viticulture et la commercialisation des vins. (N°5).
Le champion de joute Louis VAILLÉ (1883-1931), vainqueur par dix fois du tournoi de la Saint-Louis, record toujours inégalé (N°9).
Merci à Bernadette Bessodes pour les photos.
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