DU GUESCLIN Bertrand (ca1320-1380)
par
Noble breton, il passa au service du roi de France vers 1350 et vainquit Charles II de Navarre à Cocherel, près d’Evreux. Participant à la bataille d’Auray en 1364, il fut fait prisonnier : le roi Charles V paya sa rançon et le chargea d’emmener les Grandes Compagnies hors de France. Il les conduisit en Castille où il soutint Henri de Trastamare, futur Henri II, en lutte contre son frère Pierre le Cruel, mais fut battu par le prince de Galles à la Najera en 1367. De retour en France, il fut fait connétable et mena contre les Anglais une guerre de harcèlement, les chassant du Poitou, de la Normandie, de la Guyenne et de la Saintonge.
Il cristallisa la haine contre les Anglais et incarna l’une des premières manifestations patriotiques du royaume de France.
Il mourut d’avoir bu trop d’eau glacée après avoir combattu en plein soleil alors qu’il assiégeait Châteauneuf-de-Randon (Lozère).
Il avait souhaité que son corps fût rapporté en Bretagne. La route étant longue, il était nécessaire de l’embaumer : on enleva ses viscères et son cerveau au couvent des Dominicains du Puy (43) où ils furent déposés. L’embaubement ayant été mal réalisé, le corps se mit à pourir sur le chemin : il fallut le bouillir au couvent des dominicains de Clermont-Ferrand dans un grand chaudron pour détacher les chairs du squelette. Celui-ci et le cœur poursuivirent leur route vers la Bretagne jusqu’à ce que le roi Charles V décide de faire enterrer les ossements de son défunt connétable dans la basilique royale de Saint-Denis, aux côtés des rois de France, ce qui était un privilège très rare. Seul son coeur parvint à Dinan où il fut déposé sous une dalle au couvent des Jacobins à Dinan.
Du Guesclin eut donc la particularité rare de posséder quatre tombeaux :
Le tombeau des viscères au Puy fut profané en 1793, mais l’urne fut mise en dépot à la mairie en vue de lui donner une sépulture laïque puis fut finalement replacée dansl’église saint Laurent avec son contenu.
Le tombeau des chairs du couvent des Dominicains de Montferrand fut profané et détruit en 1793 : il n’en reste rien.
Le tombeau du squelette de Saint-Denis fut évidemment profané en 1793 avec celui des rois de France : son gisant s’y trouve toujours.
Son carditaphe du couvent des Jacobins de Dinan fut déplacé : en 1810, la pierre tombale et l’urne contenant le cœur furent transférées dans l’église Saint-Sauveur de Dinan où elles se trouvent encore.
Les gisants de St-Denis et celui du Puy permettent d’observer un personnage et un visage apparemment sculptés à la ressemblance du sujet, par ailleurs connu par des descriptions physiques et plusieurs miniatures contemporaines, insistant toutes sur la laideur et la pugnacité que révélait son visage.
Il existe enfin à Chateauneuf-de-Randon, au lieu dit "L’Habitarelle" où se situait le campement de du Guesclin au moment de sa mort, un cénotaphe construit par subvention et souscription nationales, dont le gisant reproduit celui du Puy.
Commentaires